Le fabricant de téléphones portables en difficulté Motorola, filiale du géant de l'internet Google, a présenté jeudi un téléphone intelligent personnalisable et fabriqué aux États-Unis, censé lui permettre de rattraper son retard sur ce marché dominé par Apple et Samsung.

Le «Moto X» sera disponible aux États-Unis, au Canada et en Amérique latine «fin août/début septembre», a annoncé Motorola dans un communiqué.

Le suspense était entretenu depuis des mois sur cet appareil qui doit être le premier téléphone intelligent fabriqué aux États-Unis, dans l'État du Texas plus précisément.

Ces téléphones, à commencer par l'iPhone d'Apple, sont jusqu'ici assemblés à l'étranger, même si certains de leurs composants sont américains.

Sur son marché domestique, le Moto X sera proposé chez plusieurs opérateurs, dont AT&T et Verizon en version noire ou blanche pour 199 dollars, à condition de souscrire en même temps un abonnement de deux ans.

Mais des versions beaucoup plus personnalisées pourront être commandées en ligne, avec «plus de 2000 combinaisons possibles», promet Motorola.

«Votre Moto X est vraiment le vôtre, parce que vous le concevez. Via notre studio en ligne, Moto Maker, vous choisissez les couleurs, et décidez des détails» allant du motif et de la couleur de la coque à la capacité de mémoire. «Quand vous avez fini, nous assemblons votre Moto X ici aux États-Unis et vous l'envoyons gratuitement sous 4 jours, voire moins», explique-t-il.

Si le résultat n'est pas satisfaisant, l'acheteur peut le renvoyer pour des modifications pendant 14 jours (30 en Californie), précise-t-il.

Le Moto X, qui utilise sans surprise le système d'exploitation mobile Android de Google, a un écran de 4,7 pouces (un peu moins de 12 centimètres). Il est équipé d'un appareil photo très réactif, avec un capteur très sensible, répond aux commandes vocales, et Motorola met aussi en avant la résistance de sa batterie, qui dure «toute la journée et jusque dans la nuit».

Dernière chance

Motorola avait été l'un des pionniers de la téléphonie mobile, pour laquelle il avait déposé les premiers brevets dans les années 1970. Mais il a raté le tournant des téléphones intelligents.

L'entreprise joue aujourd'hui son va-tout avec le Moto X, dont le lancement s'accompagne d'une intense campagne marketing, chiffrée par certains médias à 500 millions de dollars.

Le Moto X est le premier téléphone que Motorola conçoit entièrement sous l'égide de sa nouvelle maison-mère Google, qui l'a racheté l'an dernier.

Le géant de l'internet, intéressé surtout par les très nombreux brevets de téléphonie mobile toujours détenus par Motorola, avait mis une somme coquette sur la table: 12,5 milliards de dollars.

L'investissement n'a pas encore vraiment été rentabilisé pour l'instant.

Motorola continue de plomber trimestre après trimestre les comptes de sa maison-mère (la perte opérationnelle s'est encore montée à 342 millions de dollars entre avril et juin), en dépit d'importantes restructurations.

Google a cédé des actifs périphériques comme les décodeurs et les modems, taillé dans les effectifs de sa filiale avec 5200 suppressions d'emplois annoncées en deux ans.

En présentant aux analystes les derniers résultats trimestriels de Google il y a tout juste deux semaines, le directeur financier Patrick Pichette avait néanmoins affirmé que Motorola avait fait «beaucoup de progrès» depuis un an, promettant une démonstration du «nouveau Motorola» dans «les prochains trimestres». Le Moto X est censé en être la première illustration.

Certains analystes craignent toutefois que ce téléphone portant l'empreinte de Google nuise aux relations actuelles du groupe avec les nombreux fabricants concurrents utilisateurs d'Android, à commencer par le premier d'entre eux, le sud-coréen Samsung.