La France va se doter de capacités «offensives» en matière de cyberdéfense, sortant d'une posture défensive face à la multiplication des attaques, a annoncé lundi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, à la veille d'une réunion de l'OTAN sur le sujet.

«Nous allons mettre en oeuvre, au sein de la doctrine nationale, la capacité informatique offensive, associée à la capacité de renseignement», a-t-il déclaré lors d'un colloque sur la cyberdéfense organisé à Rennes (nord-ouest).

Il s'agit pour la France d'être pleinement opérationnelle sur le «cinquième champ de bataille (après la terre, la mer, l'air et le nucléaire, NDLR)», a souligné le ministre.

«C'est la première fois que je dis cela aussi clairement: la capacité offensive enrichit la palette des options qui sont à la disposition de l'État», a déclaré M. Le Drian, en relevant que «le concept de cyberattaque ne nous est plus étranger».

Ce dispositif offensif, destiné notamment à «anticiper des attaques», comportera «différents stades, qui sont plus ou moins réversibles, plus ou moins discrets, mais toujours proportionnés à l'ampleur et à la gravité de la situation», a indiqué M. Le Drian.

La cyberdéfense figure également pour la première fois à l'ordre du jour des ministres de la Défense des 28 pays de l'OTAN, mardi à Bruxelles, à un moment où les armées occidentales sont confrontées à une recrudescence des attaques informatiques, dont celle, qui selon le Washington Post fin mai, a permis à des pirates chinois de voler des données relatives à de nombreux systèmes d'armes américains.

En France, si aucun cas d'une telle gravité n'a été rapporté, le nombre d'attaques traitées par le Centre d'analyse de lutte informatique défensive (CALID) du ministère de la Défense a plus que doublé en un an, passant de 196 en 2011 à 420 en 2012, a rappelé M. Le Drian.

«Ce qui est en jeu désormais, c'est la capacité de prise de contrôle à distance ou de destruction d'infrastructures vitales pour notre pays», a relevé le ministre.

«Ces dernières années, des attaques ont pour la première fois explicitement visé la neutralisation de systèmes critiques, même non connectés à Internet», a-t-il ajouté, soulignant que «la fiabilité et la résilience des systèmes d'armes» étaient en jeu.

De façon plus générale, «la solution ne peut être qu'européenne», a souligné le ministre, ajoutant qu'«il appartient aux Européens de prendre en charge leurs propres infrastructures vitales», en trouvant une «juste complémentarité avec l'OTAN».