On a fait grand cas la semaine dernière du nouvel iPhone 5 d'Apple, mais dans l'ombre de la pomme se cache un rival qui prend de plus en plus de place sur l'échiquier technologique: Amazon. Avec ses tablettes et, surtout, son imposante banque de clients, le libraire virtuel pourrait bien être celui qui dicte le ton dans le secteur des nouvelles technologies.

Car selon une étude publiée au début septembre par Forrester Research, c'est Amazon qui a la main le plus profondément insérée dans le portefeuille des internautes nord-américains, loin devant Apple et Google, ses deux plus proches poursuivants.

Un sondage mené en août auprès de 4650 consommateurs américains indique que 31% d'entre eux possèdent un compte chez Amazon sur lequel est inscrit leur numéro de carte de crédit, contre 18% sur iTunes, et un maigre 5% pour Google et son Play Store.

«Ce que ça signifie: dans l'ère post-PC, ce sont les services qui mènent la charge et à ce jeu, c'est Amazon le meilleur», explique Sarah Rotman Epps, responsable du sondage de Forrester.

«Cet accès au portefeuille des clients signifie qu'il est plus facile de leur livrer des services par abonnement qu'ils sont plus prêts à acheter, ce qui, à notre avis, est la clé d'un succès durable dans ce secteur.»

Pour Amazon, c'est un atout du côté de la vente de produits et services en ligne. C'est aussi une base solide pour s'insérer dans le paiement mobile: près du quart (23%) des répondants achèteraient un éventuel téléphone signé Amazon.

Si ça se produit, ça le placerait aux premières loges d'un créneau dont la valeur, actuellement évaluée à 171 milliards de dollars par la firme spécialisée Gartner, est appelée à croître d'environ 46% par année d'ici cinq ans.

La clé: le portefeuille électronique

Devant un tel potentiel de nouveaux revenus, la rivalité des appareils, téléphones ou tablettes tant d'Apple que de Samsung ou Nokia est reléguée au second plan. Ce qui compte, c'est d'avoir une présence dans le portefeuille des consommateurs.

C'est simple: on n'en a que pour le portefeuille électronique, ces jours-ci, et le paiement mobile exige la mise en place de partenariats reliant différents secteurs d'activité: technologie, finance, commerce, etc.

Pour qu'Amazon, Apple, Google et Microsoft se démarquent, ils doivent désormais faire valoir la taille de leur base de clients ayant inscrit leur numéro de carte de crédit dans leur boutique en ligne.

Pas pour rien si, depuis quelques mois, Tim Cook, PDG d'Apple, fait valoir qu'iTunes est le poids lourd des détaillants de musique et de vidéo en ligne, comptant quelque 200 millions de clients inscrits. Pas étonnant non plus que la puce NFC n'ait pas fait partie de l'arsenal du nouvel iPhone, note Frank Gillett, analyste principal pour Forrester.

«Si Apple n'adopte pas une nouvelle technologie, c'est qu'elle ne l'estime pas encore suffisamment au point pour une adoption grand public», dit-il. «Peut-être que le paiement mobile ne passera pas par la technologie NFC, mais par une nouvelle version du protocole Bluetooth, ou autrement.»

Les raisons motivant Apple en ce sens peuvent être multiples. Le fait que Nokia et Samsung aient déjà annoncé leur adoption de la technologie NFC pour le paiement mobile peut l'inciter à chercher ailleurs, comme c'est souvent le réflexe, chez Apple.

Le fait qu'iTunes ne soit pas le véritable numéro un des places de marché sur l'internet, contrairement à ce que fait valoir M. Cook, en est une autre. Car à ce jeu, c'est Amazon qui mène la charge.