La lettre électronique, de même valeur juridique qu'un courrier papier, cherche à se développer en Allemagne, avec le lancement vendredi par Deutsche Telekom d'un système «De-Mail» pour remplacer à terme les correspondances professionnelles et administratives.

Numérique comme l'e-mail, mais confidentiel et juridiquement contraignant comme un courrier papier, le «De-Mail» est un système labellisé par le gouvernement allemand faisant l'objet d'une réglementation fédérale.

Ce label oblige les différents opérateurs à proposer des services compatibles avec ceux des concurrents, établit certaines règles de sécurité et de confidentialité, ainsi qu'un contrôle des prestataires.

En échange, la lettre électronique doit avoir la même force légale qu'un courrier rédigé sur du papier.

Jusqu'à présent, la poste allemande, Deutsche Post, avait lancé il y a environ deux ans un service de lettre électronique, mais sous sa propre marque E-Post, et au prix d'un timbre postal (55 centimes), histoire de ne pas tirer une balle dans le pied de son activité historique.

À partir de vendredi, Deutsche Telekom offre au grand public et aux professionnels, trois courriers gratuits par mois, puisque chaque «De-Mail» à 39 centimes.

Les expéditeurs, tout comme les destinataires de «De-Mail», doivent au préalable s'être enregistrés et ouvrir une boîte électronique spécifique sur présentation de leurs papiers d'identité.

Si ce nouveau service est désormais accessible aux particuliers, la cible est clairement le marché des entreprises, qui l'expérimentent depuis le printemps et envoient la grande majorité du courrier actuellement.

Deutsche Telekom, qui compte s'appuyer sur sa base actuelle de clients télécoms, affirme d'ailleurs que déjà des dizaines de milliers d'entreprises ont fait part de leur intention d'utiliser la lettre électronique.

L'assureur Allianz en fait partie, qui y voit un gain de temps et d'argent, en économisant papier, enveloppes et timbres.

Optimiste sur cette nouvelle activité, l'opérateur télécoms allemand parie que d'ici 2018, 29% des 17,5 milliards de lettres envoyées et 39% des fax seront remplacés par des lettres électroniques.

Si la lettre électronique parvient effectivement à prendre la place du courrier papier, comme le mail l'a fait pour les correspondances de loisir, ce marché devrait attirer de nouveaux entrants.

Mentana-Claimsoft, spécialiste des signatures électroniques, s'est déjà lancé sur le marché pro.

La Deutsche Post est en cours de labellisation, tout comme l'opérateur internet allemand United Internet (marques 1&1 et GMX).