C'est une tendance apparemment irréversible: l'internet gruge toujours un peu plus du temps consacré à la télé traditionnelle. Il faut dire qu'avec une offre quasi illimitée de contenu vidéo, c'est une destination attrayante pour le téléphage qui sait ce qu'il veut. Surtout que les outils permettant d'accéder au contenu de son choix se multiplient à la vitesse grand V.

En 2011, le Québécois moyen a passé 8 heures 20 minutes sur internet par semaine. Plus il est jeune, plus cette statistique augmente: les 18-24 ans, le plus jeune groupe recensé par l'enquête à ce sujet du CEFRIO, un organisme québécois qui s'est intéressé à l'utilisation que font les jeunes des nouvelles technologies, se branche au réseau plus de 22 heures par semaine.

Qu'y fait-il? Il y a de très fortes chances qu'il y consomme de la vidéo, estime Damien Lefebvre, coprésident de l'agence W.illi.am, à Montréal.

Dans ses bureaux du boulevard Maisonneuve, M. Lefebvre a créé un petit laboratoire autour de la télé connectée, une expression qui englobe tous les moyens d'accéder à du contenu vidéo tiré de l'internet: ordinateurs personnels, récepteurs multimédias, consoles de jeux vidéo!

C'est d'ailleurs en montrant sa Xbox 360 que l'expert du web commence à parler de «la plus grande menace envers la télé québécoise». Selon lui, la console de Microsoft et la PlayStation, celle de Sony, ne sont rien de moins que des chevaux de Troie dans le salon des consommateurs.

«La jeune génération de Québécois (es) qui louera un appartement pour la première fois cette année ne s'abonnera pas au câble. Elle se branchera tout simplement à internet et ira chercher son divertissement en ligne, que ce soit via une console comme celles-là ou un ordinateur personnel.»

L'effet Netflix

Contrairement à sa réaction lors de l'avènement du fichier musical MP3, l'industrie du divertissement applaudit aujourd'hui cette transition vers l'internet pour accéder à son contenu.

C'est ce que certains appellent «l'effet Netflix»: pour une poignée de dollars par mois, l'internaute peut regarder tout le contenu vidéo qu'il désire. Ce qui a eu pour effet de ramener un très grand nombre d'internautes habitués aux réseaux de partage poste à poste vers ce que l'industrie aime bien appeler «le droit chemin».

L'effet s'est fait sentir jusque dans les habitudes des internautes québécois. Seuls 9% d'entre eux affirment se procurer des films ou des émissions de télé d'une façon qu'ils croient illégale, soit via le réseau poste à poste Bittorrent ou avec un serveur de fichiers comme MegaUpload, fermé l'hiver dernier par la justice américaine.

C'est loin des 35 à 50% qu'avancent les grands studios hollywoodiens depuis une dizaine d'années!

C'est aussi le signe que les télé-spectateurs savent ce qu'ils veulent, et que parfois, ce contenu n'est tout simplement pas accessible avec la télé traditionnelle, explique Damien Lefebvre.

«Si je veux voir un documentaire sur les 50 ans de la guerre d'Algérie, ça se trouve sur internet. Même chose pour les ligues de soccer européennes: on en voit si peu à la télé au Québec! Il faut aller sur internet pour avoir accès à ce genre de contenu. Et dans ces cas-là, la télé HD, on s'en fout. «

Nombre d'heures par semaine passée sur Internet au Québec en 2011

À la maison: 8h20

Au bureau: 6h30

Sur un appareil mobile: 1h30

Source : CEFRIO, mai 2012

Nombre d'heures par semaine passées devant la télé au Québec en février

0-5h: 21%

6-10h: 29%

11-15h: 22%

16-20h: 14%

20h ou+: 14%

Source : Angus Reid, mars 2012