Une expérience de liberté d'expression lancée par les autorités suédoises sur Twitter où un compte est mis à disposition chaque semaine d'un citoyen différent pour qu'il y poste ce qui lui passe par la tête, connaît des dérapages sans pour autant être remise en question.

Sans rime ni raison, l'utilisatrice actuelle a ainsi mis en ligne des questions sur les juifs qui ont provoqué l'indignation.

«C'est quoi ce binz avec les juifs?», s'interrogeait mardi Sonja Abrahamsson, une jeune femme de 27 ans qui se présente elle-même comme «mère célibataire et peu instruite».

Et d'ajouter, sur ce compte @Sweden fort de plus de 42 000 abonnés, qu'il est difficile de reconnaître les juifs «à moins d'avoir vu leur pénis, et même si on l'a vu, on ne peut être certain».

Dans ces messages bourrés de fautes d'orthographe, elle dit encore que «en Allemagne nazie, ils devaient même coudre une étoile jaune sur leurs manches. S'ils ne le faisaient pas, ils ne pouvaient jamais, jamais savoir qui était un juif et qui ne l'était pas».

Noyée sous les réactions indignées, Sonja Abrahamsson a voulu s'excuser: «Je suis désolée si certains d'entre vous trouvent ces questions offensantes. Ce n'était pas mon intention. Simplement, je ne comprends pas pourquoi des gens haïssent à ce point les juifs», a-t-elle tweetté.

«Je pensais que c'était une bonne idée de poser des questions quand tant de personnes instruites de par le monde peuvent répondre. Mais non. Mauvaise idée», a-t-elle reconnu.

La Twittosphère n'en revenait pas: «Putain de merde! J'adore l'idée des Suédois alimentant @Sweden, mais ça c'est dingue (...) La liberté de parole a perdu la boule», écrit un tweettos.

A l'origine de cette expérience sur Twitter, l'Institut suédois, émanant du ministère des Affaires étrangères, et l'office du tourisme national Visit Sweden sont conscients du malaise causé, mais n'envisagent pas de prendre des mesures.

«Nous ne voulons pas vexer les gens, mais en même temps, il est important pour nous de ne pas tomber dans la censure», a expliqué mercredi la chef de la communication de Visit Sweden, Maria Ziw, soulignant que l'objectif du «compte Twitter le plus démocratique au monde» était de promouvoir la transparence et l'ouverture.

Les «conservateurs» hebdomadaires du compte @Sweden «doivent représenter une mosaïque d'opinions», ajoute Sergio Guimaraes, de l'Institut suédois, en estimant qu'une censure marquerait un échec de cet exercice de liberté d'expression.

«Ce n'est pas la première fois qu'un conservateur s'exprime de façon provocante et je suis sûr que ce ne sera pas la dernière», a-t-il ajouté, trouvant «bien de débattre ouvertement de ces questions».

Seuls sont interdits les tweets sur des sujets représentant une menace pour la sécurité nationale ainsi que les tweets publicitaires ou contrevenant à la loi. Ce qui, selon Mme Ziw, n'est pas le cas des tweets «maladroits» de Sonja Abrahamsson.