Patron incontesté d'un des plus grands groupes internet au monde avant ses 30 ans, Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, figure déjà parmi les légendes de la Silicon Valley.

«La fortune sourit aux audacieux»: cette maxime de Virgile citée par M. Zuckerberg sur sa page Facebook personnelle, semble convenir à merveille à un homme qui a lancé son entreprise à 19 ans et n'a jamais envisagé d'en céder ne serait-ce qu'un peu de contrôle.

Dès 2010, il avait été désigné homme de l'année par l'hebdomadaire Time, et homme le plus influent du «nouvel establishment» par Vanity Fair, avant de voir sa biographie mise en scène dans un film oscarisé en 2011.

L'homme qui a fêté ses 28 ans lundi compte parmi les 20 plus riches du monde et s'est assuré, par le jeu des droits de vote au conseil d'administration de Facebook, d'avoir une totale mainmise sur l'entreprise qui réunit déjà la moitié des internautes du monde.

Assez anticonformiste pour garder son éternel sweat-shirt à capuche devant les financiers, il a une famille tout sauf excentrique: père dentiste à Dobbs Ferryn en banlieue de New York, et mère psychiatre, qui l'initient dès 11 ans à la programmation informatique.

Il est encore au lycée quand Microsoft et AOL proposent de lui acheter une de ses créations, un programme permettant de deviner les souhaits d'écoute musicale, du style du système «Genius» lancé par Apple pour sa boutique en ligne iTunes.Il refuse et entre à Harvard, l'université la plus prestigieuse des États-Unis.

En deuxième année, il lance TheFacebook, un trombinoscope d'étudiants en ligne.«Rendre le monde plus connecté», c'est comme ça que M. Zuckerberg définit le site lorsqu'il est mentionné pour la première fois sur sa page personnelle, à la date du 4 février 2004.

«Au collège, j'utilisais des moteurs de recherche comme Google et Yahoo!, je trouvais que c'était fascinant», dit-il aujourd'hui dans une vidéo à destination des investisseurs.

Mais «la chose qui manquait toujours, c'était les gens», ajoute-t-il, car «ce qu'il y a de plus important dans ce qui vous intéresse, c'est ce qui se passe avec vos amis, ou ceux qui vous entourent».

La période de la fondation de Facebook a fait l'objet de diverses procédures judiciaires, qui ont conduit M. Zuckerberg à verser 65 millions de dollars à quatre anciens camarades d'université.

M. Zuckerberg a admis ces dernières années qu'il avait commis des «erreurs» de jeunesse.

Un analyste craint sa jeunesse: «il est le nouveau Steve Jobs, le Steve Jobs qui n'était pas assez mûr pour diriger Apple correctement, en a été chassé, a grandi, et y est revenu», dit-il.

Mais il a su s'entourer de cadres expérimentés, en particulier la directrice d'exploitation Sheryl Sandberg, recrutée chez Google en 2008.

«Sa position à Facebook est semblable à celle de Bill Gates, qui a duré très longtemps» au poste de PDG de Microsoft, fait valoir Josh Bernoff, analyste à Forrester Research.

«Il est clair que les décisions» viennent de lui, «et le rôle de Sheryl Sandberg est de mettre en oeuvre les stratégies qu'il conçoit».

Le jeune homme à la tignasse bouclée tirant sur le roux, longtemps mal a l'aise devant les médias, a fini par acquérir plus d'aisance. Il a lui-même interviewé le président Barack Obama, qui l'a taquiné sur son inhabituel port de la cravate.

M. Zuckerberg vit en couple avec Priscilla Chan, médecin rencontrée en 2003. Pour converser avec sa belle-famille, il s'est mis au chinois en 2010.

Parmi ses excentricités, il a décidé en 2011 de devenir presque végétarien, et promis qu'il ne mangerait de la viande que s'il avait lui-même tué l'animal.