Alors que les Bourses nord-américaines font du surplace, les jeunes pousses technologiques ne cessent de prendre de la valeur, et ce, à une vitesse fulgurante. Loin de craindre une nouvelle bulle technologique, les experts n'ont qu'un conseil à donner: investissez!

Ce conseil vient tant des anges investisseurs aimant les paris risqués que des grandes sociétés d'investissement préférant les entreprises déjà profitables. «Il y a présentement un intérêt inédit envers les nouvelles technologies. On l'observe depuis trois ans: c'est un effet direct de l'attraction qu'a la Silicon Valley sur les investisseurs et le public en général», observe Richard Rémillard, directeur général de l'Association canadienne du capital-risque et d'investissement (CVCA).

Doubler la mise...

Évidemment, tous rêvent de prêter de l'argent à un entrepreneur qui, la semaine suivante, lui remettra le double de cette somme. C'est ce qui s'est produit avec Instagram, qui a obtenu 50 millions de dollars de trois firmes américaines l'ayant évaluée à 500 millions de dollars, quelques jours avant que Facebook l'achète pour un milliard.

Les chances sont plutôt minces qu'un tel scénario se produise au Canada, avertit M. Rémillard. «Je ne pense pas que ça puisse arriver ici. Il y a une pénurie de capital-risque au Canada depuis des années, ce qui a limité l'investissement dans les technologies émergentes au fort potentiel de croissance.»

«Une ronde de financement moyenne au Canada vaut 3 millions de dollars. Aux États-Unis, elle est de 9 millions. Pour deux entreprises jumelles, ça veut dire que l'américaine peut passer à la R & D et à la commercialisation, tandis que la canadienne doit tout de suite se remettre à la recherche de capital», déplore celui qui, le 23 mai prochain, accueillera 650 professionnels de la finance internationale à Montréal, dans le cadre de la conférence annuelle de la CVCA.

Ça laisse quelques occasions à saisir pour les investisseurs indépendants, note François Gilbert, PDG du Réseau Anges Québec. L'hiver dernier, la québécoise Taleo a été vendue pour 1,9 milliard de dollars au géant Oracle. Coveo, fondée par des anciens de Taleo, est tout aussi prometteuse, tout comme iBWave, une société spécialisée dans le sans-fil, dit l'homme d'affaires québécois.

»Ça va monter vite»

«L'économie va mal et les valeurs technologiques sont plus basses qu'en 2007, mais ça va monter vite. Il est difficile d'imaginer que l'économie ira moins bien dans deux ou trois ans... C'est le bon temps pour investir.»

Cette recommandation survient alors que la Silicon Valley, l'épicentre nord-américain des nouvelles technologies, produit des entreprises milliardaires à un rythme effréné, à tel point que certains observateurs se rappelant les années 2000 ont dépoussiéré le terme «bulle technologique.»

De quoi pavoiser

Ils ont de quoi pavoiser. Après Instagram, c'est au cofondateur de Twitter, Jack Dorsey, de vouloir faire sauter la banque. Square, sa nouvelle entreprise, vise à remplacer les coûteux terminaux de paiement des commerçants par des lecteurs de cartes à brancher dans un téléphone intelligent. Avec des revenus évalués à 100 millions, Dorsey espérerait obtenir un financement qui établirait la valeur de son entreprise à 4 milliards.

«Même là, on ne peut pas encore parler de bulle», assurent MM. Gilbert et Rémillard. Ce dernier indique que la part de capital-risque, dans l'investissement total en Amérique du Nord, est encore beaucoup plus bas qu'en 2000. «À l'époque, il y avait trop d'argent disponible pour le nombre de nouvelles entreprises. Aujourd'hui, c'est le contraire: la demande est très élevée, mais l'offre est plus rare.»

Avis aux investisseurs...

Pour joindre notre collaborateur: alain.mckenna@lapresse.ca