L'utilisation de Twitter par de nombreux commissaires européens a non seulement libéré la parole des membres de l'exécutif européen, mais aussi bouleversé la communication officielle, souvent accusée, y compris en interne, d'être trop aseptisée.

Treize commissaires européens sur vingt-sept se servent de cet outil et certains, comme la Suédoise Cecilia Malmström, en charge des Affaires intérieures, le font avec une grande liberté de ton, n'hésitant pas à prendre des positions tranchées sur des dossiers étrangers à leur domaine de compétence.

«Enfin un sommet au cours duquel on discute emploi et croissance. Mais c'est trop peu et trop tard», a ainsi écrit Mme Malmström dans un commentaire signé de ses initiales posté à l'issue du sommet européen du 30 janvier.

Un retour de bâton est-il possible pour sanctionner les commissaires qui s'octroient trop de libertés sur le réseau social? «Impossible, c'est trop tard», assure une source au sein de l'institution.

Aucune règle ne leur a été imposée, a assuré à l'AFP la porte-parole de l'exécutif Pia Ahrenkilde Hansen.

«Chaque commissaire utilise ce canal informel pour communiquer sur sa politique et sur l'actualité», a-t-elle expliqué.

«Ils expriment leurs positions personnelles, mais relaient aussi les positions de la commission», a-t-elle ajouté.

Utilisatrice depuis le 11 janvier, Cecilia Malmström est encore novice, mais elle compte déjà 1307 abonnés, dont beaucoup de journalistes et de députés européens. Elle est encore très loin de ses collègues Connie Hedegaard (Climat), Viviane Reding (Justice) et surtout de Neelie Kroes, la commissaire en charge des Nouvelles Technologies, avec ses 34 759 abonnés.

Très active sur le réseau, Mme Kroes l'a utilisé pour faire connaître son opposition aux projets de loi antipiratage aux États-Unis, ouvrant un débat féroce avec son homologue français Michel Barnier, ardent défenseur de la propriété intellectuelle.

Elle a reçu le soutien de Viviane Reding et de Cecilia Malmström, qui avec son franc-parler a écrit que le nom du projet de loi américain SOPA (Stop Online Piracy Act) signifiait «foutaise» en Suédois.

Cecilia Malmström, Neelie Kroes, Connie Hedegaard et Viviane Reding «sont des femmes politiques». Twitter leur a «rendu une liberté de parole qui avait été confisquée» par les procédures de la Commission en matière de communication, souligne un membre de l'entourage des commissaires.

«Pas question de faire valider les tweets avant publication. Ce serait impossible», précise une source au sein de l'institution. «Twitter a ouvert une brèche dans la communication officielle», a souligné une autre.

«Le président de la Commission, José Manuel Barroso a lui-même encouragé les commissaires à utiliser Twitter», souligne-t-on de même source.

«Nous devons être présents dans les medias que les gens utilisent et nous devons tout le temps nous adapter», explique sa porte-parole. «Mais ils ne remplaceront pas les canaux de communication traditionnels», a-t-elle insisté.

Au départ, l'idée était d'utiliser Twitter pour porter la parole officielle. Mais, une fois entré dans la place, le petit oiseau bleu, logo du réseau, a permis aux commissaires de s'échapper de la cage et plus question de les y faire rentrer, assure-t-on au sein de l'institution.

Twitter a donné un sérieux coup de vieux à la communication officielle et une réforme est à l'étude pour tenter de la dépoussiérer.

Cette réforme est réclamée avec insistance. «A force, on donne l'impression d'être devenus des robots», a confié un porte-parole.