Best-seller avant même d'arriver chez les consommateurs, la tablette Kindle Fire du distributeur en ligne Amazon a vu ses livraisons anticipées d'un jour et sa production renforcée, en dépit d'avis partagés des chroniqueurs spécialisés sur ce concurrent de l'iPad d'Apple.

Amazon a indiqué lundi qu'il avait pu avancer d'un jour, de mardi à lundi, la distribution du Kindle Fire, qui doit affronter dès cette semaine la concurrence d'un autre appareil visant un public similaire, le Nook Tablet, du libraire Barnes and Noble.

Les deux appareils, vendus 199 dollars pour le Kindle Fire, 249 pour le Nook Tablet, sont réservés au marché américain, largement dominé par l'iPad d'Apple, dont le modèle d'entrée de gamme coûte 499 dollars.

«Kindle Fire est rapidement devenu l'objet le plus vendu sur tout (le site) Amazon.com, et au vu de la réaction des consommateurs, nous en fabriquons des millions de plus que ce que nous avions prévu», a souligné, dans un communiqué, Dave Limp, le vice-président d'Amazon chargé de la ligne de produits Kindle, à l'origine de simples liseuses.

Mais, comme à son habitude, Amazon n'a fourni aucun chiffre de vente.

Le Kindle Fire, présenté en septembre en même temps que la gamme rafraîchie de liseuses en noir et blanc d'Amazon, est doté d'un écran de 7 pouces (17,8 cm), plus petit que celui de l'iPad (9,7 pouces ou 24,6  cm de diagonale). Il fonctionne avec le système d'exploitation Android de Google.

Dans le cadre des compromis décidés par Amazon pour rogner sur le prix, l'appareil est connecté uniquement aux réseaux internet sans fil (wifi), et non sur les réseaux cellulaires 3G, et il est dépourvu d'appareil photo.

Parmi les chroniqueurs spécialisés, David Pogue, au New York Times, assure que le prix bas de l'appareil« se sent à chaque glissement de doigt» sur l'écran tactile. «Si vous êtes habitué à l'iPad ou à une "vraie" tablette sous Android, les tours joués par son logiciel vous rendront dingues».

Dans le magazine Wired, Jon Phillips a écrit que «Fire est un portail de vente diaboliquement efficace déguisé en tablette de sept pouces». Mais pour lui, «il ne fait rien très bien, à part lire des vidéos, faire fonctionner plusieurs applis Android et faciliter» les achats sur Amazon.

Plus charitable, Sam Biddle, sur le blogue Gizmodo, estime qu'Apple a des raisons de craindre cette nouvelle concurrence: le Kindle Fire, très adapté selon lui à la lecture, aux vidéos et à la navigation sur le web, «n'est pas aussi puissant ou polyvalent que l'iPad, mais il coûte aussi une fraction de son prix».

C'est «une tablette vraiment géniale pour le prix», estime aussi Joshua Topolsky sur TheVerge.com. «L'appareil a un design pas mal, et les logiciels, bien qu'ils manquent un peu de finition, restent excellents par rapport à à peu près tout ce qu'on trouve à ce prix».

Selon le cabinet Gartner, l'iPad restera cette année la tablette la plus vendue, avec 73% du marché, soit 63,6 millions d'unités vendues.

Pour ce qui concerne le Kindle Fire, l'analyste Justin Post, chez Bank of America Merrill Lynch, compte sur au moins 4 millions d'appareils vendus d'ici la fin de l'année, puis 16,3 millions l'an prochain et 22,1 millions en 2013.

«Le risque est que plus de Kindle Fire vendus entraînent plus de pertes à court terme» pour Amazon, ajoutait-il. Une étude du cabinet IHS iSuppli a en effet estimé à presque 210 dollars le coût de fabrication de l'appareil.

Mais l'appareil est pour Amazon une façon de pousser la vente des livres, films et musiques en ligne. Le patron fondateur du groupe Jeff Bezos a récemment indiqué qu'il avait «budgété des centaines de millions de dollars» pour l'achat de droit d'exploitation de biens numériques afin de renforcer son offre.