Quand elle a acheté son téléphone cellulaire il y a deux ans, Isabelle Gagné a eu un déclic. Elle qui n'avait «jamais accroché» à la photographie redécouvrait ce média.

«Avec un appareil traditionnel, j'avais l'impression que je devais réfléchir à la vitesse et à l'ouverture avant de prendre une photo. Mais avec mon téléphone, comme l'appareil est de piètre qualité, je fais juste shooter, je m'amuse», dit la designer graphique.

Une fois les exigences de performance envolées, l'artiste pouvait laisser place à la spontanéité et à la créativité.

C'est ainsi qu'est née MissPixels, l'alter ego d'Isabelle Gagné. Depuis deux ans, elle prend et retouche ses photos avec un téléphone cellulaire. Elle connaît un succès qui se concrétise de plus en plus : elle a exposé ses clichés à Montréal, Londres et Barcelone.

Mais tandis que se multiplient les applications comme Instagram, qui permettent d'appliquer un filtre sur une photo pour lui donner un aspect plus artistique, qu'est-ce qui distingue les clichés de MissPixels?

«Beaucoup de gens m'ont dit : "Moi aussi, je vais prendre mon téléphone et faire du MissPixels." Mais ils n'en font pas!», affirme Isabelle Gagné.

L'artiste en art mobile fait de la photographie comme d'autres font de la peinture. La photo originale sert de canevas.

«La photo à partir de laquelle je travaille n'est pas de très bonne qualité. C'est le concept qui compte, la manipulation que je fais», dit MissPixels.

Parmi ses plus récents projets figure une série réalisée dans le cadre d'un concert donné par U2 à Montréal cet été. Munie d'une photo de Bono, elle a pris des photos des spectateurs qui arborent la tête du chanteur.

Elle s'amuse également avec les mots-clics (hashtags) bien connus des utilisateurs de Twitter dans le cadre de séries nommées #bonheur, #like ou #love #sucks.

Tantôt appelé «art mobile» ou «iphoneographie», les photos prises à partir de téléphones cellulaires commencent à se faire une place dans les galeries et les musées et la «communauté est très forte», dit MissPixels.

«Présentement, les photos prises avec les cellulaires sont à la mode. Je suis dans une route à côté. J'essaie de me détacher du fait que ça ressemble à un passe-temps. Pour moi, ce n'est pas ça, c'est une expression artistique».

Et pour s'exprimer, nul besoin de traîner tout un équipement, il suffit d'un téléphone multifonctions. «Ton atelier est dans ta poche!», conclut Isabelle Gagné.