Le gérant de la plus grande galerie marchande en ligne nippone, Rakuten, a annoncé mercredi l'acquisition pour 315 millions de dollars de la société canadienne Kobo qui fournit des liseuses électroniques et des livres numériques à des sites de libraires.

Rakuten, qui vient d'ouvrir au Japon sa propre librairie virtuelle «Raboo», s'apprête, sous réserve d'approbation des autorités compétentes, à acheter et payer en numéraire 100% des parts de Kobo, afin d'étendre sa présence internationale dans ce domaine jugé prometteur.

Cette acquisition marque une nouvelle étape pour Rakuten qui étend ses ramifications à l'étranger.

Kobo est numéro un du livre numérique au Canada. L'entreprise propose des terminaux de lecture enrichis de fonctionnalités attractives (liens avec les sites communautaires Twitter ou Facebook) et revendique un catalogue de 2,5 millions de titres d'ouvrages, principalement en anglais.

Fondé en 2009 par le libraire canadien Indigo, Kobo se présente ainsi comme l'une des rares sociétés du secteur à avoir été capable de résister au géant américain Amazon, grâce à ses partenariats avec divers distributeurs dans le monde, dont la Fnac en France.

Pour le fondateur et PDG de Rakuten, Hiroshi Mikitani, «Kobo fournit une des expériences de lecture les plus communautaires avec son intégration de médias sociaux, tandis que Rakuten offre à Kobo des occasions uniques pour se développer».

«Cette transaction renforcera beaucoup notre position dans nos marchés actuels et nous permettra de nous diversifier rapidement dans d'autres pays et d'autres catégories de commerce électronique», s'est réjoui de son côté le directeur général de Kobo, Michael Serbinis, cité dans un communiqué diffusé en Amérique du Nord.

Le distributeur français de produits culturels Fnac a récemment annoncé le lancement de liseuses Kobo en France, lesquelles sont déjà proposées à l'étranger par les chaînes Wal-Mart, Best Buy, Target, Future Shop, WHSmith, Collins Booksellers et Whitcoull's.

Grâce à ses filiales dans divers pays, Rakuten prétend offrir à Kobo une présence internationale encore plus large, en Allemagne, au Brésil, à Taïwan, en Chine, en Thaïlande, en Indonésie, et bien sûr, au Japon où son service Raboo (diminutif de Rakuten Book) est déjà compatible avec une liseuse spéciale de Panasonic et bientôt avec les modèles Reader de Sony.

Rakuten compte s'appuyer sur sa renommée et son expérience dans la vente de produits et services par Internet et adapter ses méthodes éprouvées et très lucratives à des contenus immatériels.

Pour les neuf premiers mois de l'exercice 2011, Rakuten a certes déploré une perte nette, mais cette déconvenue est due à une charge exceptionnelle liée à la restructuration d'une activité de cartes de crédit, tandis que sur le plan purement opérationnel il a affiché des ventes et bénéfices record.

Le groupe, qui profite de la force historique de la monnaie japonaise, a lancé une vaste offensive à l'étranger où il achète des entreprises à tour de bras.

Il a annoncé en septembre l'acquisition, pour 25 millions de livres, de la société britannique Play Holdings qui gère l'une des plus importantes plates-formes de commerce électronique en Grande-Bretagne.

En juillet, Rakuten avait mis la main sur la galerie marchande Tradoria, l'une des plus grosses en Allemagne, un an après avoir absorbé la société française PrimeMinister.