Le géant informatique IBM a nommé mardi une femme, Virginia Rometty, pour prendre la suite de Samuel Palmisano à la tête d'un groupe en pleine renaissance alors qu'il vient de fêter son centenaire.

Ce sera la première fois que le vénérable groupe d'Armonk, dans la grande banlieue de New York, sera dirigé par une femme.

Cette nomination était attendue: «Ginni» Rometty, 54 ans, faisait en effet depuis plusieurs mois figure de favorite pour la course au poste de directeur général.

Cette femme entrée en 1981 chez IBM est actuellement placée sous l'autorité directe de M. Palmisano, ayant la charge des ventes, du marketing et de la stratégie. Elle doit prendre ses fonctions le 1er janvier, date à partir de laquelle M. Palmisano ne sera plus que président du conseil d'administration.

«Je n'attends pas de changement à court terme», a déclaré à l'AFP Frank Gillett, analyste chez Forrester Research. «C'est une évolution longuement préparée», et «IBM forme ses dirigeants avec beaucoup de soin».

«La stratégie et le modèle de fonctionnement d'IBM sont les bons», a d'ailleurs commenté Mme Rometty dans le communiqué annonçant sa nomination, sans pour autant annoncer d'immobilisme. «Sam nous a appris, avant tout, qu'il ne fallait jamais cesser de réinventer IBM», a-t-elle dit.

M. Palmisano est directeur général depuis 2002, et PDG depuis 2003. Il a notamment piloté la cession en 2005 de l'activité des ordinateurs personnels, vendus au chinois Lenovo.

Sous sa houlette, IBM, qui a fêté son centenaire en juin, est devenue l'une des plus grosses capitalisations boursières américaines, à 212,8 milliards de dollars, très près de Microsoft (225 milliards de dollars), plus loin d'Apple (360 milliards de dollars).

Aujourd'hui le groupe d'Armonk réalise son chiffre d'affaires (99,9 milliards de dollars en 2010) dans les gros ordinateurs centraux, les centres de stockage et les services, sans négliger des opérations de prestige comme l'ordinateur champion d'échecs Big Blue en 1997 ou l'ordinateur Watson, qui a remporté cette année le jeu Jeopardy.

Mme Rometty a de son côté à son crédit le fait d'avoir piloté l'intégration dans IBM du groupe d'audit PriceWaterHouseCoopers, acheté en 2003.

«La pensée stratégique à long terme de Ginni et son attention à la clientèle se voient dans nos initiatives de croissance, depuis l'informatique dématérialisée et les outils analytiques jusqu'à la commercialisation du (super ordinateur) Watson», a fait valoir M. Palmisano dans un communiqué, rendant hommage à Mme Rometty comme «la directrice générale idéale pour faire entrer IBM dans son second siècle» d'existence.

«Nous avons souvent rencontré Mme Rometty dans ses précédentes fonctions, et l'avons vu se muer en l'un des dirigeants les plus solides d'IBM», a commenté pour sa part Ben Reitzes, analyste chez Barclays Capital.

Avec cette nomination Mme Rometty entre dans le cercle très fermé des femmes chefs de très grandes entreprises américaines.

L'un des principaux concurrents d'IBM, Hewlett-Packard, où les récents directeurs généraux ont été poussés au départ pour scandales ou mauvaises performances, est également dirigé par une femme: Meg Whitman, ancienne patronne du site marchand eBay, en a pris la tête en septembre.

Un autre groupe technologique, Xerox, est dirigée par une femme, Ursula Burns.

Interrogé sur le paradoxe apparent de voir une femme diriger IBM, un groupe longtemps moqué pour son conformisme, M. Gillett a noté qu'au contraire, même si «IBM ne correspond pas exactement à la diversité du pays», «IBM semble faire mieux que d'autres en ce domaine».

Les rivaux de Mme Rometty pour ce poste étaient le responsable de l'activité de services, Michael Daniels, et celui de l'activité des matériels, Rodney Adkins, qui est noir.