La biographie du légendaire patron d'Apple Steve Jobs, qui sort lundi aux États-Unis, dresse le portrait d'un homme complexe qui a toujours refusé de rencontrer son père biologique et n'a pas hésité à critiquer le président Barack Obama lors de leur première rencontre.

«Quand j'ai recherché ma mère biologique, de toute évidence j'étais aussi à la recherche de mon père biologique. J'ai appris un peu de choses sur lui et je n'ai pas aimé ce que j'ai appris», a raconté M. Jobs à son biographe Walter Isaacson, dans un entretien sonore mies en ligne par la chaîne de télévision CBS.

Adopté à la naissance par un couple de Californiens modestes, M. Jobs avait fini par identifier son père, découvrant qu'il avait déjà eu l'occasion de lui serrer la main: cet Américain né en Syrie nommé Abdulfattah Jandali, se faisant appeler John, a en effet tenu un restaurant de cuisine méditerranéenne dans la Silicon Valley, où M. Jobs a parfois dîné.

«Je me souviens d'avoir rencontré le propriétaire (du restaurant), qui était originaire de Syrie, et perdait ses cheveux. Je lui ai serré la main, il m'a serré la main et c'est tout», l'entend-on raconter sur le site de CBS.

M. Jobs lui a même expliqué qu'il avait demandé à sa demi-soeur biologique, avec qui il avait semble-t-il de bonnes relations, de ne pas révéler son identité à leur père: «J'étais devenu riche, et je craignais qu'il me fasse chanter ou qu'il alerte la presse», s'est-il justifié, selon un extrait du livre publié par le Huffington Post.

Steve Jobs se révèle aussi critique envers Barack Obama, dont il a failli refuser une invitation à dîner parce qu'il aurait voulu que le président américain lui téléphone en personne, selon le Huffington Post.

«Vous êtes parti pour ne faire qu'un mandat», aurait déclaré Jobs à Obama au début de leur première rencontre.

La raison de ses critiques, résumée par le Huffington Post: l'administration devait être plus compréhensive envers les entreprises, et prendre exemple sur la Chine où il serait plus facile de construire des usines «sans régulations ni coûts inutiles».

En outre, Steve Jobs se serait dit déçu par M. Obama parce que le président «ne veut offenser personne», a relaté le New York Times, qui a également eu accès au livre.

Steve Jobs aurait toutefois proposé d'aider à la campagne de réélection du président Obama. En 2008, il avait déjà offert son aide mais «il s'était agacé, estimant que le stratège d'Obama David Axelrod ne lui témoignait pas suffisamment de déférence».

Le patron d'Apple, père de quatre enfants, aurait également critiqué devant M. Obama le système éducatif américain «handicapé par les règles imposées par les syndicats», écrit M. Isaacson cité par le Huffington Post. Il estimait que «tant que les syndicats d'enseignants ne seraient pas cassés, il n'y avait pratiquement pas d'espoir de réformer l'éducation».

Bill Gates, le fondateur de Microsoft qui fut successivement son partenaire et concurrent, n'est pas épargné dans les extraits de la biographie cités par le site d'informations: «Bill est fondamentalement sans imagination et n'a jamais rien inventé, c'est pourquoi à mon avis il est plus à l'aise maintenant dans la philanthropie que dans la technologie. Il ne faisait que piquer de façon éhontée les idées des autres».

Mais c'est Google qui est visé par les commentaires les plus acerbes du défunt. Steve Jobs aurait confié à M. Isaacson, selon le New York Times, qu'il était prêt à dépenser «jusqu'à son dernier souffle» et consacrer toutes les liquidités d'Apple à «redresser le tort» que lui aurait fait Google en usurpant des brevets de l'iPhone pour son système d'exploitation Android.

La bataille de brevets fait rage actuellement sur le plan judiciaire entre Apple et des fabricants utilisant Android.

Publiée par Simon & Schuster (filiale de CBS), la biographie est attendue dans les librairies américaines lundi.