L'annonce d'un «portefeuille Google» fait du géant de l'internet le premier à se positionner sur le terrain des paiements par téléphone, mais il est attendu au tournant par des concurrents qui n'entendent pas lui faciliter la tâche, et déjà attaqué par eBay.

Alors que l'on prête à Apple, Amazon, eBay voire Facebook l'intention de lancer leur propre solution de paiement par téléphone portable, permise par la technologie sans contact NFC, c'est Google qui s'est lancé le premier en présentant jeudi son application «Google Wallet» (portefeuille).

À ce stade, l'annonce est surtout symbolique.

L'application sera accessible seulement cet été dans deux villes (New York et San Francisco) pour les seuls détenteurs de téléphones dotés d'une puce NFC, comme le Nexus S conçu par Google, utilisant l'opérateur Sprint (troisième du pays), et faisant leurs courses chez les commerçants partenaires de Google pour ce lancement. Ce ne sont pour le moment qu'une poignée de chaînes comme les grands magasins Macy's, les sandwicheries Subway ou les magasins de vêtements American Eagle Outfitters.

Mais pour Justin Post, analyste financier chez Bank of America Merrill Lynch, «cette annonce positionne Google comme premier leader des paiements mobiles».

«Google Wallet a de grandes ambitions qui font face à de grands obstacles, mais (son système d'exploitation pour téléphones) Android et la recherche géolocalisée sont des actifs essentiels qui pourraient l'aider», selon lui.

Première embûche: Google a immédiatement été attaqué par le distributeur eBay et sa filiale de paiements en ligne PayPal, qui fonde une part de son expansion sur les paiements par téléphones portables, et pourrait donc pâtir de l'initiative de Google.

PayPal se plaint qu'un de ses responsables, Osama Bedier, qui menait de longues négociations avec Google pour les paiements par téléphone NFC, ait été débauché en janvier par le groupe internet, où il chapeaute désormais l'activité paiements.

PayPal poursuit donc Google, M. Bedier et une autre ancienne de PayPal passée chez Google, Stephanie Tilenius, qui aurait piloté ce recrutement, porte plainte pour vol de secret industriel par M. Bedier.

Pour l'analyste Gene Munster, analyste chez Piper-Jaffray, cette plainte «est un signe que (PayPal) est inquiet d'avoir de gros poissons qui cherchent à le concurrencer».

Il y a deux théories possibles, résume Michael Meurer, professeur de droit à la Boston University: «soit Bedier est un sale type, il a vraiment volé des secrets professionnels (...) ou alors PayPal est un peu désespéré, se rend compte que Google va pénétrer son marché en grand, et il est prêt à tout pour retarder Google».

Or, note ce juriste, des telles poursuites «peuvent perturber Google, car beaucoup de cadres et d'ingénieurs vont devoir témoigner».

À plus long terme, Google peut aussi s'attendre à trouver d'autres grands de l'internet sur sa route, à commencer par Apple.

La rumeur court que l'iPhone, déjà compatible avec le système Square qui permet d'encaisser des paiements par carte de crédit sur téléphone, pourrait être prochainement équipé de la technologie NFC. La puissance d'Apple dans la vente en ligne, via iTunes et l'App Store, devrait lui donner un avantage.

Amazon, géant de la distribution en ligne, est aussi sur les rangs.

Et le site Facebook est déjà, partiellement, un concurrent: le groupe de Mark Zuckerberg offre à ses utilisateurs des «bonnes affaires» géolocalisées à télécharger sur téléphone portable.

Or, c'est justement l'un des aspects de l'application Google Wallet et celui qui est censé faire gagner de l'argent à Google.