Les géants de la Silicon Valley et d'ailleurs semblent porter une attention particulière aux technos québécoises, ces jours-ci. Les acquisitions récentes d'entreprises d'ici par RIM, Apple et d'autres laissent présager une période faste pour les entrepreneurs désireux d'empocher leurs premiers millions de dollars.

Le mois dernier, Research In Motion a procédé à l'acquisition de Tungle, entreprise montréalaise qui a conçu un service web de gestion d'agenda. L'été dernier, StreamtheWorld, spécialisée dans la webdiffusion de contenu média, a été acquise par Triton Digital, de Boston, leader de la radio sur l'internet. Au même moment, Apple faisait l'acquisition de Poly9, établie à Québec, pour combler un besoin en matière de cartographie mobile.

Depuis un an, Google, Microsoft et Twitter ont également fait quelques acquisitions stratégiques ailleurs au Canada. Bref, le secteur technologique bouillonne, en ce moment, ce qui ne laisse pas indifférents les grands joueurs de la Silicon Valley et du reste du secteur technologique.

Pour Chris Arsenault, un des dirigeants du fonds d'investissement iNovia, à Montréal, c'est un signe que les entrepreneurs montréalais sont de plus en plus branchés sur le secteur technologique mondial. «Les entreprises d'ici sont d'aussi bonne qualité qu'ailleurs, c'est surtout qu'elles commencent à créer plus rapidement des liens avec les grands acteurs de leur secteur, ce qu'on voyait rarement auparavant.»

Avec leurs premiers millions en banque, ces entrepreneurs pourront ensuite revenir à la maison et lancer des entreprises de plus grande taille, espère M. Arsenault, qui dirige le Canadian Innovation Exchange, forum national visant à stimuler l'innovation au pays.

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«J'ai hâte de voir de plus grandes entreprises canadiennes se mettre en place, capables de faire des acquisitions importantes à leur tour, des transactions de plusieurs centaines de millions de dollars...»

Un appétit retrouvé

Ce n'est pas un phénomène isolé. Depuis l'an dernier, les fusions et les acquisitions sont en forte croissance en Amérique du Nord. Il faut dire que la crise financière de 2008 a lourdement ralenti les ardeurs à ce chapitre. L'élan amorcé en 2010 semble toutefois être plus que passager, notent les experts, alors que plusieurs étoiles des technos nord-américaines hésitent entre une entrée en Bourse ou un nouveau financement issu du privé.

Dans le secteur technologique, où les multinationales n'hésitent pas à combler leurs lacunes en achetant des sociétés rivales de plus petite taille, l'accélération de cette tendance contribue à faire augmenter encore un peu plus la valeur des transactions.

Autrement dit, c'est un bon moment pour les entrepreneurs du secteur des technologies qui songent à faire fortune en vendant leur petite entreprise, note Andy Morgan, analyste associé chez PricewaterhouseCoopers. «Les acheteurs ont les poches pleines, le marché des capitaux recouvre la santé et les sociétés d'investissement reviennent en force. Les vendeurs essaient actuellement de profiter de cet appétit qu'ont les grandes entreprises aux liquidités abondantes pour les mégatransactions», dit-il.

Selon lui, les secteurs de l'heure sont à forte saveur technologique: la publicité, les transactions financières, la messagerie, le jeu et la mobilité. «Les logiciels liés à la sécurité, à la virtualisation et à tout ce qui touche à l'infonuagique susciteront aussi un intérêt soutenu», ajoute l'analyste.