L'équipementier américain en télécoms Cisco a annoncé mardi qu'il allait arrêter son activité de mini-caméras vidéo Flip et réorganiser ses activités grand public, ce qui se traduira par la suppression de 550 postes cet été et un coût avant impôts de 300 millions de dollars.

«Dans le cadre de son plan global pour réorganiser ses opérations, Cisco a annoncé aujourd'hui qu'il abandonnerait certaines de ses activités grand public», a annoncé le groupe californien dans un communiqué.

En particulier «Cisco va fermer son activité Flip», acquise avec l'achat de la société Pure Digital Technologies en mars 2009 pour un total de quelque 600 millions de dollars en actions.

Les petites caméras Flip, au design épuré, avaient fait sensation au salon de l'électronique de Las Vegas en janvier 2009: d'une grande facilité d'utilisation, elles étaient spécialement conçues pour faciliter le téléchargement sur internet.

Actuellement, les dernières versions en haute définition se vendent entre 150 et 230 dollars, et en décembre Cisco affirmait que des «dizaines de millions de vidéos» tournées avec des Flip avaient été mises en ligne en trois ans d'existence de ce produit.

Cisco, voyant alors dans la vidéo en ligne un axe de développement majeur, leur avait consacré un gros budget de lancement en France et dans plusieurs pays européens à l'automne 2009.

Mais plusieurs commentateurs notaient mardi que l'amélioration des performances vidéos des nouveaux téléphones portables, ainsi que la popularisation des logiciels de montage, tendaient à rendre obsolète l'existence d'appareils dédiés.

Mardi, Cisco s'est refusé à chiffrer le nombre d'appareils vendus, mais une porte-parole, Karen Tillman, a assuré qu'une «analyse en profondeur» avait conclu à la nécessité d'arrêter cette activité, plutôt que de la mettre en vente.

Elle a précisé que l'équipe de direction de Pure Digital Technologies avait déjà quitté le groupe en janvier.

Au total, c'est 550 postes dans le monde qui sont sacrifiés dans le cadre du recentrage des activités grand public de Cisco au dernier trimestre de l'exercice en cours, c'est-à-dire entre mai et juillet, pour des frais de restructuration estimés à 300 millions de dollars.

En plus de sacrifier Flip, Cisco va tenter de relancer le système Umi (prononcé You-Me, Toi-Moi en français), destiné à l'organisation de visioconférences familiales sur l'écran de télévision, en l'intégrant aux systèmes de «téléprésence» pour professionnels.

Ces annonces interviennent une semaine après que M. Chambers a promis de réagir après une série de résultats décevants depuis l'été dernier. «Nous allons nous atteler avec une précision chirurgicale à ce qui doit être réparé dans notre portefeuille de produits», avait-il promis.

Alkesh Shash, analyste chez Evercore Partners, a accueilli «positivement» ces développements. Mais l'action Cisco, qui a perdu plus de 34% en un an, cédait encore 0,69% à 17,36 dollars vers 16H00 GMT à la Bourse de New York.

«Le plan d'amélioration qui émerge est prometteur, même si on en est au début», soulignait pour sa part Jeff Kvaal, analyste chez Barclays Capital.

«Un retrait du grand public et des +marchés connexes+ devrait entraîner un recentrage» bienvenu, selon lui, sur les métiers de base du groupe: les routeurs et commutateurs, mais aussi les bases de données et les systèmes de travail en collaboration et les services, principalement à destination des entreprises.

Pour autant, «nous pensons que les changements structurels vont prendre des années à se stabiliser», ajoutait-il.

Jon Ogg, analyste sur le site spécialisé 247WallSt.com, était sévère avec le très médiatique PDG du groupe: «ce que l'on voit, c'est que John Chambers se bat pour rester important, alors qu'il est en train de défaire une partie de l'empire qu'il a construit».