L'hébergeur informatique OVH veut jouer la carte de la technologie verte, en expérimentant le transport de ses serveurs par péniche en Europe et en investissant dans l'éolien pour réduire sa facture énergétique.

«Construire des éoliennes, utiliser des péniches, ce n'est pas cher, mais c'est extrêmement efficace» pour réduire les coûts et améliorer les performances environnementales, explique à l'AFP Octave Klaba, le fondateur d'OVH.

«L'énergie est le premier poste de dépenses» de la société, qui doit alimenter en permanence 90 000 serveurs informatiques, hébergeant des millions de sites, sur le sol français, selon M. Klaba.

OVH innove déjà en utilisant un système de refroidissement de ces ordinateurs à l'eau, moins gourmand en électricité que les climatiseurs. Mais une majorité de cette eau chaude est aujourd'hui refroidie par des machines énergivores, avant d'être réinjectée dans le circuit.

«On ne sait pas où l'évacuer, cette eau chaude», soupire M. Klaba. «On chauffe déjà tous nos bâtiments avec, et on l'envoie à une usine chimique à côté qui a de forts besoins en chaleur, mais ça ne suffit pas! Quel gaspillage!».

Pour encore mieux gérer sa facture d'énergie, OVH a testé les panneaux solaires: «ça n'a pas été concluant», selon M. Klaba.

Il entend alors parler de DDIS, une entreprise de la ville voisine de Valenciennes (nord), qui a conçu un nouveau modèle d'éolienne.

«Ils étaient à court d'argent, alors on leur a acheté le prototype», indique-t-il. «On a aussi acheté un champ en Alsace d'une capacité de 10 mégawatts, on compte y installer 7 à 8 éoliennes d'ici la fin de l'année».

L'énergie ainsi produite sera revendue à  Électricité de France (EDF) pour un montant couvrant «80% de nos besoins en énergie», calcule, pragmatique, Octave Klaba.

Le projet représente un investissement de plus de 5 millions d'euros (6,9 millions de dollars), mais «l'énergie est un peu notre matière première, alors si vous pouvez réduire à zéro ce poste de dépenses, cela permet de devenir beaucoup moins cher que vos concurrents», souligne-t-il.

Par ailleurs, OVH devrait tester pour la première fois en avril le transport par péniche de conteneurs de serveurs.

«Le transport fluvial est plus fluide que le transport routier, ce qui devrait moins abîmer les disques durs. On va toutefois également transporter des conteneurs par camion pour comparer les dommages une fois arrivés à destination», explique-t-il.

«On peut imaginer qu'OVH s'installe ainsi à Amsterdam, Berlin, Prague, Varsovie ou Montpellier, en débarquant ses conteneurs remplis de serveurs dans les ports, au fur et à mesure que la demande augmente», selon lui.