La 3D qui gonfle les recettes du box office en ramenant les spectateurs - particulièrement les jeunes - vers les salles obscures, est devenue en 2010 un enjeu majeur de l'industrie cinématographique.

Depuis un an, Hollywood a lâché sur les écrans 25 longs métrages en 3D, deux fois plus que les douze mois précédents, dont quatre en rafale destinés aux enfants pour la seule période des fêtes: Megamind, Raiponce, Le Monde de Narnia et Space Chimps.

Dans le sillage d'Avatar et de son record absolu au box-office mondial - près de 3 milliards US de recettes - la 3D est devenue le graal du cinéma.

Le nombre d'écrans 3D dans le monde a pratiquement quadruplé en 2010 pour approcher les 20 000 - contre 6700 en 2009, selon l'Association des exploitants américains (NATO).

Du coup, tout le monde s'y met ou y pense: on attend Tron, qui revient 28 ans après le film culte des années 80, Pirates des Caraïbes/ La Fontaine de Jouvence, l'épilogue de la saga Harry Potter, Rio, le dernier délire du créateur de l'âge de glace. Tous en relief.

Le cinéaste allemand Wim Wenders fera l'ouverture de la 61è Berlinale en février avec un documentaire en 3D sur sa compatriote, la chorégraphe Pina Bausch. Le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson (le Seigneur des Agneaux) va tourner la saga de Bilbo le Hobbit en 3D, initialement conçu en deux dimensions.

Autre effet, la conversion de grands succès au relief, comme Star Wars et Titanic, dont les studios ont annoncé une version 3D courant 2012.

«Plutôt que d'effet de mode, le monde du cinéma profite surtout d'un effet d'aubaine: l'explosion des recettes a montré que les gens sont prêts à payer plus cher pour voir un film en relief. Ce qui provoque une vraie demande de la part des exploitants», relève Gilles Gaillard, directeur-général de Mikros Images, une société de post-production spécialisée dans les effets spéciaux, qui s'exprimait cette semaine en marge des journées Paris fx, sur la création numérique.

Selon lui, cette nouvelle technologie n'est pas près de s'essouffler, «parce qu'elle démultiplie les champs de création» pour un surcoût très relatif, explique-t-il: s'il peut doubler le budget d'un petit film, il représente à peine 15% d'une superproduction à 100 M de dollars.

En France, 23 films sont sortis en 3D cette année contre 16 en 2009, avec de réels succès.

«La 3D attire surtout le jeune public et conforte la salle dans sa singularité. Pour autant, produire en 3D n'est pas non plus une garantie de succès», relativise Véronique Cayla, présidente du CNC, le centre national du cinéma, qui cite aussi quelques échecs, tels Legend of the Guardians: The Owls of Ga'Hoole (55 000) ou Jackass (375 000).

À titre de comparaison, Le Monde de Narnia a dépassé les 700 000 entrées en une semaine et Harry Potter, Les reliques de la mort, bien qu'en 2D, approche des 5 millions.

«L'étiquette 3D ne suffit plus, le public n'accourt plus systématiquement», insiste Mme Cayla.

Selon l'institut Médiamétrie, si les 15/24 ans représentent en moyenne 28% des spectateurs en 3D contre seulement 22% en 2D, chez les 6/14 ans, la 2D l'emporte à 28% (contre 26% en 3D), preuve que les parents comptent encore.