À mi-chemin entre un téléphone intelligent et une tablette numérique, le nouvel ordinateur de poche Streak, que Dell vient de mettre en marché au Canada, propose le meilleur des deux mondes : un format portable et une expérience multimédia confortable. Malgré son système d'exploitation rétrograde et l'obligation de faire affaires avec Rogers pour son éventuelle connexion 3G.
On dira ce qu'on voudra des fournisseurs canadiens de services sans fil, ils sont très futés. Ils ont su contourner la nouvelle Loi de la protection du consommateur québécoise en menottant les appareils à leurs cartes SIM, évitant ainsi de pouvoir acheter un appareil chez l'un pour l'utiliser chez l'autre, sans avis préalable. Malgré qu'il soit vendu directement par Dell sur son site web pour 550 $, le Streak n'y échappe pas : pour du 3G, c'est chez Rogers que ça se passe. Ce dernier vend la Streak pour 150 $ en échange d'une entente ferme de 3 ans.
Côté sans fil, on peut aussi opter pour une connexion à internet via WiFi. Un client de téléphonie IP à la Skype ou à la Fring aura tôt fait d'exploiter à peu de frais l'aspect téléphonique de l'appareil, ainsi que sa caméra vidéo frontale, permettant de faire des appels vidéo multiplateformes. Pour un appel téléphonique traditionnel, un dispositif mains libres jumelé via Bluetooth, ou le casque stéréo avec micro inclus dans la boîte sont fortement conseillés : porter le Streak à son oreille est aussi naturel que de porter une pizza familiale à sa bouche sans préalablement la trancher en pointes plus modestes.
C'est que selon le point de vue, le Streak est soit un énorme téléphone intelligent, soit une tablette numérique ultracompacte. Dell présente son nouveau venu comme une tablette, alors aussi bien jouer le jeu. Sous cet épithète, l'appareil est donc très portable : écran tactile de 5 pouces en un verre supposément incassable, appelé Gorilla Glass (coup de coude dans les côtes du iPhone 4 et de son verre ultrafragile, ici), encastré entre deux parois plastifiées assurant une prise confortable des deux mains. D'un côté se trouve un écouteur typiquement téléphonique, de l'autre, les trois touches de contrôle associées au système logiciel Android, de Google : une touche menant à l'accueil, une au menu contextuel et l'autre renvoyant à l'étape précédente, quelle qu'elle soit.
Parlant d'Android, d'est la version 1.6 de ce populaire logiciel qui ronronne sous le capot du Streak. On peut déplorer l'affaire : après tout, Google offre sur plusieurs appareils la version 2.2 d'Android, plus rapide, et un peu mieux ficelée. Dell corrige les lacunes d'Android 1.6 en y ajoutant un client pour courrier électronique compatible avec le serveur Exchange, de Microsoft, ainsi qu'un pilote Bluetooth permettant de jumeler un casque stéréophonique.
Compte tenu de sa taille, une résolution de 800 x 480 pixels, ou WVGA, est suffisante pour cet écran. Surtout que les applications s'adaptent à ce format plus intuitivement que le font celles du iPhone, d'Apple, lorsque transposées sur un iPad. Google Maps sur le Streak est un véritable délice. De même pour les applications multimédias incluses par Dell. Le lecteur vidéo est emprunté à la société Archos, et exploite à fond tout l'espace mis à sa disposition.
Le navigateur web s'en tire bien aussi. La possibilité de pouvoir agrandir et diminuer la taille de l'affichage en un seul mouvements de deux doigts est la moindre des choses. Manque un clavier un peu plus facile à utiliser, encore que le clavier de rechange Swype se trouve à un téléchargement prés, via le Marché Android.
Point de vue agilité, on remarque une lenteur au niveau du démarrage. Le processeur Qualcomm de 1 GHz est certainement à la fine pointe, mais il y met le temps. Sans doute qu'une mise à jour vers Android 2.2, attendue d'ici le début de la nouvelle année, améliorera cette lacune.
Comme on s'y attend, une fente pour cartes mémoire MicroSD sert d'unique solution de stockage. La capacité maximale de ces diminutives cartes mémoire est pour le moment établie à 32 gigaoctets. C'est quand même pas mal.
Enfin, dernière particularité du Streak : son capteur photo de 5 mégapixels avec flash, situé à l'arrière du boîtier. Dans les circonstances, celui-là fait de superbes clichés, et des vidéos au format VGA de qualité tout à fait correcte. Il est surtout plaisant de visionner le tout par la suite à même l'appareil.
Bref, la fiche technique de cette mini tablette est bien garnie. Par coquetterie, le fabricant américain troque la connexion mini USB plus classique pour un connecteur plat similaire à celui des iPod, à partir duquel on le charge ou on en altère le contenu par connexion USB. Un socle vendu à part renvoie son affichage à un téléviseur par connexion AV ou HDMI.
Côté autonomie, Dell promet 26 heures de lecture vidéo et 7 heures de conversation téléphonique. Certaines critiques ont trouvé la pile près de moitié moins durable en réalité. Dans ce cas-ci, elle s'est très bien comportée, permettant de visionner la télé en direct par connexion 3G pendant plus de 4 heures.
Dans le marché naissant des tablettes numériques, il semble que les options se soient soudainement multipliées, à l'approche de Noël : outre l'iPad et la Streak, on compte aussi la Galaxy Tab, de Samsung, et l'ExoPC, alias la Vibe de Ciara Technologies. Du lot, c'est celle produite par Dell qui se distingue le plus : réellement portable et tout aussi polyvalente, elle remplit avec aplomb le mandat multimédia d'un appareil de ce genre. Toute prétention à autre chose - par exemple, la lecture de livres électroniques via la librairie Kindle, d'Amazon, est à oublier tout de suite. Mais ça, c'est le lot de tous ces appareils à écran rétroéclairés...