Entrepreneur du web, Stefan Magdalinski a quitté Londres il y a deux ans pour s'établir en Afrique du Sud, convaincu que la révolution internet en cours sur le continent sera bientôt une source de profits incomparable.

Pour expliquer son choix, il pointe du doigt une carte d'Afrique, sur laquelle sont dessinés les 14 câbles sous-marins en fibre optique qui devraient relier les serveurs d'Europe et d'Asie au continent d'ici mi-2012, et tripler la capacité de connexion à internet.

«Cela présage beaucoup de transformations, de joies et de profits», lance le patron de Mocality, dont l'entreprise propose aux Kenyans un service de pages jaunes sur téléphone portable.

Dans l'avenir, il veut étendre son service à l'ensemble du continent pour créer une base de données des professionnels, qui recensera aussi bien les commerces chics des galeries commerciales que les échoppes dans les bidonvilles.

Comme lui, de nombreux entrepreneurs misent sur la pénétration croissante d'internet et des téléphones portables pour investir en Afrique.

«Chaque jour, je reçois des appels d'entreprises de téléphonie mobile qui cherchent des renseignements sur le marché africain», confirme Antonie Roux, responsable du secteur internet pour le groupe d'investissement sud-africain Naspers.

L'accès aux nouvelles technologies de communication reste un problème en Afrique, où seuls 9,6% des habitants sont des utilisateurs d'internet contre 65% des Européens, en partie en raison du coût élevé des équipements et des communications.

Mais la multiplication des câbles sous-marins --il n'y en avait qu'un en janvier 2009-- rend le pays moins dépendant des satellites, accélère la vitesse de connection et fait chuter les prix depuis quelques mois.

Parallèlement, les nouvelles technologies facilitent l'accès à internet sur téléphones portables, alors que l'Afrique est le continent où la croissance de la téléphonie mobile est la plus rapide avec 333 millions d'abonnés aujourd'hui contre 88 millions il y a cinq ans.

«On commence à voir des innovations être introduites d'abord en Afrique», relève Jon von Tetzchner, cofondateur de l'entreprise norvégienne Opera Software (spécialisée dans les navigateurs internet pour portables), qui cite l'exemple des services bancaires par téléphone.

L'opérateur de téléphonie mobile kényan Safaricom a lancé il y a trois ans ce service pionnier, baptisé M-PESA, qui permet de faire des transferts d'argent via son portable et d'encaisser de petites sommes dans des boutiques de téléphones.

Le service a immédiatement conquis un large public et comptait en juillet 12 millions de clients. Depuis, des services similaires ont vu le jour au Rwanda, en Afrique du Sud et en Ouganda.

«Je suis très content de voir autant de gens faire des transactions bancaires sur leurs téléphones», confie M. von Tetzchner. «Dans d'autres endroits du monde ce n'est pas possible : l'Afrique a pris de l'avance !»