Plusieurs patrons de presse américain ont souligné mercredi qu'ils entendaient garder le contrôle de leurs formules d'abonnement sur les supports numériques comme l'iPad d'Apple, alors que le groupe californien se voit prêter l'intention d'imposer ses règles.

Apple permet actuellement à quelques journaux, comme le Wall Street Journal, de fixer le prix d'accès à son application. Mais cette bible des milieux d'affaires, appartenant au groupe News Corporation de Rupert Murdoch, a annoncé lundi que le groupe informatique préparait un nouveau modèle ne donnant plus aux groupes de presse «un accès facile aux données personnelles de leurs clients, comme leur nom».

Un autre sujet de friction serait la commission que se réserverait Apple sur les recettes gagnées par des journaux déjà à la peine pour compenser la chute de leur diffusion sur papier: elle pourrait atteindre 30% sur le montant des abonnements numériques, et jusqu'à 40% des recettes publicitaires.

«Ne cédez pas le contrôle de vos clients - ne faites pas ça», a plaidé Todd Larsen, président de la maison-mère du Wall Street Journal, Dow Jones & Company.

«Si nous commençons à permettre à d'autres sociétés de posséder notre relation-clients et la façon dont nous nous adressons à eux, c'est un modèle très difficile», a-t-il ajouté lors d'un discours à l'Executive Club de Chicago.

Les patrons de presse doivent se garder de faire croître leur public sans préserver leurs recettes, a mis en garde pour sa part Tony Hunter, directeur général du Chicago Tribune. «Ce n'est pas difficile d'avoir des lecteurs si on offre des contenus intéressants», a ajouté M. Hunter. Maintenant, «qui va payer, c'est la question qui se pose côté modèle de fonctionnement».

Les tablettes informatiques peuvent bien se révéler «un formidable appareil de présentation des contenus», a-t-il ajouté. Mais les modèles actuels «ne semblent pas du tout en faire un sauveur» si cela veut dire «que nous créons la valeur, et que nous devons céder une large partie des recettes et nous ne possédons pas la relation client».

Les tablettes sont certes intéressantes, mais il n'est pas certain qu'il y ait «assez de lecteurs prêts à payer 10 à 15 dollars par mois»' pour accéder à leur journal sous ce format, a estimé pour sa part Jeremy Halbreich, directeur général du Sun-Times Media Group.