Même si les Chinois raffolent des romans sur l'internet, le livre électronique reste en Chine un objet cher, qui pâtit de la concurrence des téléphones portables multimédia et des tablettes tactiles polyvalentes.

Convaincue que ce marché était à la veille d'exploser, alors que la Chine est le pays qui compte le plus d'internautes (420 millions), Zhang Li a commencé il y a six mois à vendre des livres électroniques dans un centre commercial de Pékin.

Aujourd'hui, elle n'est plus très sûre d'avoir fait le bon choix.

Et la tendance ne risque pas de s'améliorer avec la sortie vendredi en Chine de l'iPad, la tablette vedette du groupe informatique américain Apple, qui fait office de console de jeux, de lecteur multimédia et permet de surfer sur la Toile.

«On ne peut tout simplement pas comparer les ventes de livres électroniques avec celles des smartphones et des tablettes informatiques», confirme Mme Zhang, qui tient une échoppe dans un centre commercial spécialisé dans les produits high tech.

Elle explique vendre une dizaine de livres électroniques par mois tandis que le vendeur voisin écoule trois à quatre iPad par jour, au marché noir puisque la tablette n'est pas encore officiellement commercialisée en Chine.

«Le livre électronique n'a pas encore trouvé de marché de masse en Chine», explique Simon Ye, un analyste de la société américaine Gartner. «Il existe trop de produits analogues dotés de meilleures performances».

Selon d'autres experts, de nombreux Chinois considèrent la lecture comme une occupation trop sérieuse pour s'accompagner d'un support tenant du gadget électronique.

L'iPad sera vendu entre 3988 yuans (610 dollars canadiens) et 5588 yuans (857 dollars canadiens) selon sa capacité de stockage, dans les magasins Apple et chez les revendeurs agréés.

La plupart des livres électroniques sont eux proposés à des tarifs compris entre 1000 yuans (153 dollars canadiens) et 4000 yuans (612 dollars canadiens), une somme décourageant les consommateurs chinois qui souhaitent obtenir pour un tel prix des objets davantage polyvalents.

«Je ne possède pas de livre électronique», confie Jason Yang, un quadragénaire employé d'une société étrangère. «C'est trop cher». Il estime que seul un prix de 500 yuans (76 dollars canadiens) serait acceptable.

«Les autres produits sont plus sympas et plus utiles», ajoute-t-il.

Les premiers livres électroniques fabriqués en Chine ont été lancés en 2006. Ils utilisaient la technologie e-ink, un affichage sans scintillement en noir et blanc censé ne pas fatiguer les yeux et s'approcher le plus d'une véritable page en papier.

Les ventes sont restées confidentielles jusqu'au lancement en 2007 de la tablette de lecture électronique Kindle, commercialisée par le groupe de vente en ligne américain Amazon.

Selon la société de conseil Zero2IPO, environ 700 000 livres électroniques ont été vendus dans le pays l'an passé.

Et, malgré l'attirance du public pour l'iPad et ses clones, plus de 40 fabricants chinois sont sur les rangs pour produire des livres électroniques en voulant croire malgré tout aux perspectives du marché.

Le premier d'entre eux en volume de ventes, Hanvon, a même réussi en 2008 un coup de publicité, en parvenant à placer un de ses appareils dans le vaisseau spatial Shenzhou VII, pour la première sortie dans l'espace d'un astronaute jamais réalisée par la Chine.

D'après Zero2IPO, il pourrait se vendre en Chine 1,2 million de livres électroniques cette année.