La tablette tactile iPad du groupe américain Apple sera commercialisée vendredi au Japon, un événement qui ravit une frange de technophiles nippons, mais laisse encore dubitatifs le grand public et les potentiels fournisseurs de services.

Les réservations ouvertes pour l'iPad au début du mois ont été vite bouclées, tous les exemplaires prévus pour le Japon ayant trouvé preneur. Les trentenaires férus de technologies trépignent d'impatience pour ce produit comme pour nombre d'autres.Toutefois, selon une étude conduite en avril auprès de 1600 personnes par la société DoHouse, seulement 1% des Japonais disent avoir l'intention ferme d'acheter l'iPad, et 7% peut-être.

Les plus optimistes jurent néanmoins que l'iPad changera la donne au Japon, affirmant que le téléphone iPhone du même Apple a déjà secoué le secteur.

Cependant, les ventes de l'iPhone au Japon représentent moins de 5% des quelque 31,5 millions de mobiles écoulés en 2009.

«Ceux qui achètent l'iPhone sont le plus souvent des trentenaires qui ont fait leurs premiers pas sur internet avec un PC au milieu des années 1990 et qui sont désormais ravis d'avoir un téléphone avec un clavier tactile complet et des fonctions proches de celles d'un ordinateur», explique Ritsuya Oku, responsable d'études comportementales du groupe de publicité Dentsu.

«En revanche, les plus âgés, qui se contentent de moins, et les jeunes, qui ont grandi avec un téléphone portable multimédia classique dans la main, sont tellement accoutumés au pavé numérique qu'ils ne sont pas autant attirés par l'interface tactile de l'iPhone», ajoute-il.

Même si l'iPhone n'est pas au Japon un méga-succès, nombre de prestataires japonais ont lancé des applications et services spécifiques, profitant du faible coût de développement et voyant au-delà du seul marché nippon.

De la même façon, plusieurs sociétés du monde du jeu vidéo (Bandai Namco), de la presse gratuite ou payante (Recruit), de la distribution de livres numérisés (Papyless), de la publicité (Dentsu, Toppan), ont d'ores et déjà décidé de proposer des contenus pour l'iPad.

Toutefois, nombreux sont aussi ceux qui adoptent vis-à-vis de l'iPad une attitude attentiste, sachant qu'il ne restera pas unique sur le marché.

NEC a par exemple dans ses cartons depuis plus d'un an une tablette qui tourne sous le système d'exploitation Android de Google. Quant à Sharp, Casio, Canon ou Seiko, ils proposent depuis longtemps des encyclopédies électroniques de poche très populaires et qui ne demandent qu'à évoluer.

D'aucuns se souviennent en outre que Sony, Panasonic et Toshiba avaient déjà lancé au Japon il y a plusieurs années des ardoises de lecture de livres numériques et services associés qui furent des fiascos.

Outre l'absence d'accès direct au réseau, l'une des raisons en était le format. Les Japonais, qui se déplacent énormément en transports en commun bondés, hésitent à emporter des objets un peu encombrants.

Leur téléphone mobile, qu'ils ont greffé dans la main, sur lequel ils peuvent déjà télécharger des milliers de livres numérisés, naviguer sur d'innombrables sites, regarder la télévision, écouter de la musique, payer leurs boissons, journaux ou trajets en métro, est perçu par beaucoup comme un support de lecture et de communication éminemment commode et amplement suffisant, en dépit de l'étroitesse relative des écrans.