Alors qu'on les disait dépassés par l'ordinateur, vecteur numéro un du net, les téléviseurs tiennent aujourd'hui leur revanche: d'ici 2011, la quasi-totalité d'entre eux seront directement connectés à la Toile, avec des services web spécialement adaptés.

«La télévision était le dernier écran qui n'était pas connecté à internet», après le PC et le téléphone mobile, souligne Alexandre Fourmond, directeur marketing chez LG.

«C'était dans la logique des choses qu'elle le soit, d'autant qu'un grand nombre de services aujourd'hui regardés sur les PC sont plutôt dédiés à la télévision, comme la télévision de rattrapage (le fait de regarder des émissions ou films après leur diffusion, ndlr)», ajoute-t-il.

Un peu plus de la moitié des nouveaux modèles Samsung seront ainsi connectables en 2010, 60% chez LG, Philips et Panasonic et de 80 à 90% chez Sony.

«Il y a un vrai boom de la télévision connectée: à l'horizon 2011, la quasi-totalité des téléviseurs vendus devraient avoir une telle capacité», pronostique Stéphane Dubreuil, du cabinet Sia Conseil.

Dès la fin des années 90, des acteurs, comme Thomson associé à Microsoft, avaient tenté l'expérience, mais les projets s'étaient soldés par des échecs: «la raison, c'est qu'une interface télévisuelle est complètement différente d'une interface PC. Il y a un travail d'ergonomie essentiel à faire, qui n'avait pas eu lieu», explique M. Dubreuil.

De fait, les constructeurs mettent aujourd'hui en avant la «facilité d'usage» de leurs appareils: si les premiers téléviseurs connectables nécessitaient des paramétrages, les nouveaux «reconnaissent automatiquement le réseau et s'y connectent tout seul», explique Stéphane Cotte, directeur de la division audio-vidéo chez Samsung.

Même chose pour les services disponibles, la plupart des constructeurs ayant opté pour un système très simple d'icônes, à choisir avec la télécommande.

Télévision de rattrapage, vidéos à la demande, photos, météo, informations... Les fabricants rivalisent pour proposer une palette de services la plus large possible.

Les sites de partage de vidéos YouTube et DailyMotion sont présents chez tous. Picasa, pour les photos, est également en bonne place, de même que le service de téléphonie gratuit Skype, attendu chez plusieurs fabricants cette année et qui permettra des visio-conférences depuis dans son canapé.

Chaque fabricant a également conclu des partenariats plus spécifiques, comme LG avec Orange et CanalPlay, Samsung avec TF1 ou Yahoo!, Sony avec M6 Replay, Philips avec NRJ et TomTom, ou Panasonic avec Bloomberg et Eurosport.

En passant ainsi des «accords avec les fournisseurs de contenus en direct», «les fabricants court-circuitent les opérateurs» et voient «un moyen d'augmenter leurs revenus», note M. Dubreuil.

Preuve de l'intérêt stratégique de ce marché, Google se préparerait à y faire son entrée, selon le New York Times. Associé à Intel pour les puces, Sony pour les écrans et Logitech, chargé de fabriquer une télécommande avec un petit clavier, le géant de l'internet développerait actuellement matériels et programmes.

Il faudra néanmoins encore convaincre les télespectateurs de l'intérêt de ces nouveaux services. Encore peu connus, ils ne sont en effet aujourd'hui utilisés que par une minorité, 25% par exemple pour les téléviseurs Panasonic.

Un chiffre que le président de la marque en France, Laurent Roussel, juge cependant élevé, la distribution n'ayant «pas investi en 2009 dans la mise en avant des télévisions connectées». Mais «2010 va être un tournant» et «l'année de la connection», prédit-il.