«Cette année c'est de la folie, on ne parle plus que du 3D», un sujet en vogue avec des films comme Avatar, constate Amanda Grossbauer qui scrute avec des lunettes spéciales des images en trois dimensions sur un écran au CeBIT, le salon du hi-tech en Allemagne.

Cette visiteuse de 52 ans qui teste un ordinateur portable confesse n'avoir «pas encore» vu Avatar, comme s'il était impératif de visionner le film de James Cameron.Filon prometteur qui dope la fréquentation des cinémas, le 3D est à l'honneur au Cebit de Hanovre, plus important rendez-vous mondial des nouvelles technologies. Jusqu'à samedi y sont exposés de nombreux logiciels, ordinateurs, écrans plats et autres téléphones adaptés aux images tridimensionnelles.

Sur le stand de NVIDIA (cartes graphiques), un jeune homme joue les Schumacher: avec des lunettes 3D connectées à un ordinateur et trois écrans en triptyque recréant un vaste champ de vue, il pilote sur un circuit de course plus vrai que nature.

Chez le fabricant d'optique Carl Zeiss, on peut avec le «Cinemizer Plus» regarder du 3D sur son téléphone intelligent grâce à des lunettes reliées à une sorte de chargeur dans lequel s'encastre le téléphone mobile.

L'allemand EyeT (logiciels) a lui développé une méthode pour voir en 3D sans lunettes spéciales. Le principe: filmer sous huit angles puis superposer à l'écran les images obtenues en les décalant très légèrement. Le résultat: un avion à hélice qui vole hors de l'écran ou encore une machine à sous qui paraît déverser le jackpot sur le chanceux.

«Le 3D sans lunettes, c'est l'avenir», dit à l'AFP Frederik Zilly, un physicien qui travaille dans ce secteur. «Avec les lunettes, le principe est en général d'envoyer une image à un oeil tandis que la lunette agit avec un filtre sur l'autre oeil. Mais sans lunettes, c'est beaucoup plus compliqué».

Les applications sont multiples, privées ou professionnelles. Dans le commerce, on trouve déjà un mini-projecteur d'images mêlant hologrammes et 3D (Innovatix), un navigateur de voiture en 3D (Navigon 8410), des téléviseurs (Hyundai, Sony et autres) mais aussi des logiciels destinés de médecine (chirurgie...) ou de design industriel.

Le Cebit fait également la part belle à la recherche, avec des prototypes exhibés fièrement par leurs concepteurs.

Fini les lunettes rouge-verte 3D d'autrefois: sur un stand de l'institut Fraunhofer, deux mini-caméras surplombant un écran d'ordinateur captent le regard de l'utilisateur et adaptent pour lui l'image, restituée en trois dimensions. Du doigt, on peut faire pivoter un objet en lévitation devant l'écran.

L'institut présente aussi «Stan» (pour «Stereoscopic Analyser»), un système pour filmer classiquement puis transformer directement en images 3D sur un écran télévisé. Le public adore.

Quant à l'institut Max-Planck, il exhibe un logiciel travaillant les reflets des objets en trois dimensions. "Très utile pour le webdesign et la publicité", souligne l'ingénieur Thorsten Thormälen.

Un autre prototype rend compatible des images 3D avec l'univers 2D (HTML), un mariage baptisé «format XML3D», qui permet de naviguer sur internet en trois dimensions.

«Pas mal pour vérifier que la porte de la future cuisine fermera toujours, une fois le frigo installé!», dit une visiteuse.

«Le public s'enthousiasme pour le 3D parce que c'est impressionnant. Si cette technique devient rapide, elle s'imposera vite partout», estime Hartwig von Sass, porte-parole du CeBIT.

Mais des progrès restent à faire, selon les experts. On ne peut pas encore zoomer en 3D, par exemple, et les volumes de données à transporter demeurent considérables.