Parmi les heureux élus ayant testé la nouvelle tablette d'Apple, iPad, peu sont convaincus qu'elle soit aussi révolutionnaire que ne le claironne son fabricant: ils regrettent d'importantes lacunes même si son esthétisme et sa rapidité suscitent l'admiration.

Apple n'a laissé les spécialistes jouer avec son nouvel appareil que quelques minutes à l'issue de sa présentation dans un théâtre de San Francisco. Suffisamment pour que le blog Gizmodo le décrive comme «le gadget dont nous n'avions jamais réalisé qu'il nous le fallait» - surtout avec un prix de départ bien moins élevé que certains le craignaient, à 499 dollars.

Mais alors que le patron d'Apple, Steve Jobs, a évoqué un appareil «vraiment magique et révolutionnaire», la plupart des qualités de l'appareil sont déjà celles de l'iPod Touch, le baladeur haut de gamme d'Apple: esthétique soignée avec un seul bouton central au bas de l'écran tactile, une coque en aluminium, et des couleurs très vives.

Cette fois, l'iPad offre en outre la possibilité de regarder des vidéos en haute définition, avec un meilleur confort puisque l'écran est plus grand (24,6 cm de diagonale).

La qualité des applications proposées et la rapidité de l'affichage, notamment pour la lecture de journaux ou magazines font l'unanimité.

Apple a fait dès mercredi la démonstration de la lecture du New York Times sur l'iPad, avec la mise en page la plus fidèle à la version papier qu'on ait jamais vue sur un appareil portable: des articles en colonnes, des photos couleurs, des titrailles variées...

Mais, sur la base des fuites qui avaient alimenté le mystère avant la révélation de l'objet, l'iPad offre aussi son lot de déceptions: il a certes un micro, permettant de téléphoner via internet avec un système du type Skype, mais il n'a pas d'appareils photo intégré, par exemple, limitant la possibilité d'afficher instantanément des clichés sur internet.

Et puis les critiques habituels d'Apple ont regretté certaines manies de la société californienne, comme l'absence de ports permettant les connections avec d'autres appareils (pas de port pour câble HDMI ni pour cartes mémoires) ou d'une batterie remplaçable - même si Apple promet une performance assez exceptionnelle en la matière: 10 heures d'usage continu sans recharge.

Plus généralement, selon le chroniqueur du site spécialisé Mashable, Samuel Axon, l'iPad est «ultra cool, super pratique et très sexy, mais pas mieux» qu'un ordinateur portable pour toute une catégorie de tâches, alors qu'Apple vante sa création comme «la meilleure façon de naviguer sur internet, et gérer courriels, photos et vidéos - sans comparaison».

«Non merci», disait aussi Adam Frucci, énumérant sur Gizmodo «8 trucs qui craignent avec l'iPad», à commencer par l'impossibilité de laisser ouvertes plusieurs applications en même temps, à la différence de tout ordinateur qui se respecte. «Vous voulez dire que je ne peux pas écouter (la radio sur internet) Pandora pendant que j'écris un texte? je ne peux pas avoir ma fenêtre Twitter ouverte en même temps que mon navigateur? ... vous plaisantez?».

Certains jugeaient le clavier virtuel peut pratique (trop plat sur une table, mal pris en main sur un canapé), et le clavier séparé offert en accessoire contraire à l'esthétique tout-en-un de l'appareil.

Quant au nom de l'appareil, il n'a pas fini de faire ricanner. Beaucoup de blogs avaient laissé attendre un iSlate, évoquant l'esthétique sobre d'une ardoise, alors que l'iPad, pour des anglophones, fait immanquablement penser à des serviettes hygiéniques («pad»)...