Apple va présenter le 27 janvier sa «dernière création», selon toute probabilité sa très attendue tablette, un ordinateur à écran tactile connecté à Internet qui devrait répondre au nom d'«iSlate» et dont les fans veulent croire qu'il va révolutionner l'informatique.

Dernière coquetterie en date, la marque américaine à la pomme a envoyé lundi une invitation sibylline pour un «événement spécial» mercredi prochain au Yerba Buena Center de San Francisco, afin d'y dévoiler «sa dernière création», qui pour les observateurs du secteur n'est autre que sa tablette.

D'après le site d'analystes 24/7 Wall Street, les attentes sont telles que l'action d'Apple «chutera de 10% si le produit dévoilé n'est pas la tablette et de 15% si Steve Jobs n'est pas là pour la présenter lui-même».

D'après une note de la maison de courtage AVI Securities citée par le site Internet technologique Cnet News, la tablette d'Apple serait déjà «en pleine production».

Destinée à remplir un vide, à la fois en termes de prix et de fonctions, entre le segment des téléphones multifonctions comme l'iPhone et les ordinateurs portables comme le MacBook, ce nouveau produit devrait se présenter comme un écran électronique d'un seul tenant, sans boutons et à commande uniquement tactile.

Il devrait permettre non seulement de surfer sur Internet mais aussi de télécharger de la musique, des vidéos et des livres.

Le nouveau produit déclenche d'ores et déjà les passions. Il fait l'objet de blogues dédiés, comme iSlate.org, qui suit les péripéties et rumeurs entourant la tablette depuis près de deux ans.

Un site d'informations de la Silicon Valley, Valleywag.com, a même lancé la semaine dernière une «chasse au trésor» promettant jusqu'à 100 000 dollars à quiconque prouverait l'existence de la fameuse «tablette».

Une audace qui n'a pas fait rire Apple, qui a réagi vendredi par une lettre signée d'un de ses avocats, accusant de site d'inciter au «vol de secrets» industriels et en exigeant le retrait de l'offre.

Le fabricant mené par son patron-gourou Steve Jobs, sait «plus qu'aucune autre entreprise de produits de consommation jouer du secret pour faire monter les attentes et s'assurer d'une forte demande avant même le lancement de ses produits», souligne Carmy Levy, analyste technologique indépendant.

Pour Apple, qui a révolutionné la façon d'écouter et d'acheter de la musique avec son baladeur numérique iPod et son logiciel iTunes, puis les téléphones portables en créant son iPhone aux innombrables applications, reste à savoir si l'exploit sera renouvelé.

«Bien que les tablettes et les ardoises (des tablettes sans boutons, ndlr) soient dans le commerce depuis plus de 15 ans, elles n'ont pas réussi à capter l'attention des consommateurs», remarque Carmy Levy.

Le but d'Apple avec cette nouvelle machine est donc de réussir là où d'autres ont échoué. La firme devrait, comme lorsqu'elle est entrée sur le marché des baladeurs en 2001 ou celui des téléphones multifonctions en 2007, se focaliser «non seulement sur le disque dur mais aussi sur le logiciel pour faire fonctionner le produit, et sur les systèmes en ligne pour vendre du contenu», juge M. Levy.

Pour lui, l'iSlate devrait probablement «fonctionner à partir du système d'exploitation Mac OS X d'Apple comme les iPhone, ainsi que sur le modèle lucratif et couronné de succès de l'App Store» pour les applications.

Si les fans sont déjà conquis, la question est de savoir si un plus large suivra, poursuit-il, «et s'il y a assez de consommateurs 'ordinaires' prêts à payer quelque 800 dollars pour un produit dont les caractéristiques sont encore le plus gros secret du secteur de la technologie», conclut-il.