Des salles de cinéma de mieux en mieux équipées, des réalisateurs prestigieux derrière la caméra, un public fidèle... le cinéma en 3D s'installe durablement à Hollywood, qui y voit une façon de combattre la crise en ramenant le public vers les salles.

Le cinéma en 3D n'est pas une nouveauté pour Hollywood. Depuis les années 50, notamment «L'Etrange créature du Lac Noir» de Jack Arnold, ce procédé qui crée l'illusion de la profondeur et du relief a fait irruption sur les écrans de façon régulière, sans jamais réussir à s'imposer durablement. Mais depuis les années 2000, le phénomène a pris une autre ampleur.

«Je crois qu'il y a eu un vrai retour de la 3D grâce à la technologie numérique, qui lui a permis d'être plus précise et lumineuse à l'écran, offrant au public une bien meilleure impression», déclare à l'AFP Mark Zoradi, président de Walt Disney Motion Pictures Group.

«Il offre au spectateur une raison de continuer à aller au cinéma, pour y trouver quelque chose qu'il ne peut pas avoir chez lui. Le phénomène va durer», ajoute-t-il.

Il en veut pour témoin la rapidité avec laquelle les salles de cinéma, aux Etats-Unis, se sont équipées pour pouvoir projeter la 3D.

«Quand nous avons sorti notre premier film en 3D en 2005, "Chicken Little", il y avait 84 écrans équipés aux Etats-Unis. Aujourd'hui, "Le Drôle de Noël de Scrooge" de Robert Zemeckis sera visible en 3D dans 2.000 salles aux Etats-Unis et 2.000 autres dans le monde», précise M. Zoradi.

Traditionnellement cantonné aux films pour enfants, d'animation ou d'horreur, le cinéma en 3D rêve maintenant d'autres territoires.

À ce titre, les très attendus «Avatar» de James Cameron (décembre 2009) et «Alice au pays des merveilles» de Tim Burton (mars 2010) pourraient marquer un avant et un après dans l'utilisation du procédé.

«Je pense que James Cameron va étendre la définition de ce que peut être un film en 3D», estime Jason Constantine, président des acquisitions et des coproductions de la société de production Lionsgate («Meurtres à la Saint-Valentin», série des films d'horreur «Saw»...).

Lui aussi considère que «la 3D va durer des années, ce n'est pas une mode passagère». Il estime que la 3D «se prêterait parfaitement aux films d'aventure, de science-fiction, de suspense ou d'action», tant que les améliorations qu'elle apporte sont «intrinsèques à l'histoire».

Ainsi, «Saw 7», qui sortira en 2010 avec ce procédé, «sera conçu comme une expérience 3D» de A à Z, du scénario à la post-production, avec l'objectif d'en faire un film d'horreur «comme personne n'en a jamais vu».

Si la 3D n'est pas le remède miracle à la crise que traversent les studios, «elle est un élément positif, car elle fait aller les gens au cinéma», affirme M. Zoradi, relevant que «malgré la récession, le nombre de spectateurs a plutôt tendance à augmenter».

Pour «Le Drôle de Noël de Scrooge», M. Zoradi prévoit que «plus de la moitié des entrées viendront de la 3D, au niveau mondial». Et attend le jour, «pas si lointain», où des gros films «sortiront seulement en 3D».

Le relief «entraîne évidemment un surcoût (de production), mais il est compensé», assure M. Constantine, dont les films «classiques» et en 3D ont récolté plus de 200 millions de dollars dans le monde entre janvier et avril 2009.

Le marché du DVD, dont l'atonie contribue à la crise des studios, pourrait lui aussi bénéficier de la 3D. Car à plus long terme -- «2 à 5 ans» -- «elle entrera dans les foyers et dynamisera les ventes et locations de DVD», augure M. Zoradi.