La toute première plateforme de téléchargement de livres numériques francophones en Amérique du Nord vient de voir le jour. Archambault a décidé de mordre à pleines dents dans un marché qui demeure pourtant embryonnaire, au Québec.

Le filiale de Quebecor a officiellement présenté son nouveau site Web Jelis.ca à l'occasion d'une conférence de presse tenue mercredi à Montréal conjointement avec la multinationale Sony, qui dévoilait pour sa part deux nouveaux lecteurs numériques.Plus de 20 000 livres sont présentement disponibles pour téléchargement sur Jelis.ca, dont une bonne part d'oeuvres québécoises. On espère passer à un catalogue de plus de 50 000 titres d'ici la fin de l'année. À titre comparatif, soulignons qu'Archambault propose environ 400 000 titres dans ses magasins de briques et mortier.

L'entreprise est bien consciente du peu d'importance de la demande actuelle pour ce genre de produit, mais elle semble vouloir contribuer à la bâtir.

«Jelis.ca représente pour tous les intervenants de l'industrie du livre, au Québec, une opportunité de se placer sur la scène numérique et d'élargir cette clientèle», a indiqué Denis Pascal, vice-président principal, secteur détail du Groupe Archambault.

Son grand patron, Pierre Karl Péladeau, y voit une étape logique pour Quebecor.

«C'est le discours que l'on tient depuis de nombreuses années, d'élargir le plus grand nombre possible de canaux de distribution pour pouvoir permettre au plus grand nombre possible d'individus d'avoir accès au plus grand nombre de contenus», a-t-il dit en entrevue.

«C'est peut être quelque chose que les gens connaissent moins: on est un important propriétaire de maisons d'édition, a aussi souligné M. Péladeau, que ce soit VLB ou des maisons d'édition très pointues comme le Groupe Ville-Marie pour la poésie ou plus grand public comme les Editions de l'Homme.»

De plus, pour chaque livre électronique vendu au cours de la prochaine année, Archambault offrira un livre -imprimé- neuf à la Fondation pour l'alphabétisation, qui le distribuera à son tour à différents organismes.

«C'est une main tendue entre les lecteurs aguerris et ceux qui font timidement leurs premiers pas dans ce monde de tous les possibles: le livre», déclaré Maryse Perrault, présidente-directrice générale de la Fondation.

Sony a pour sa part présenté deux nouveaux modèles de lecteurs, qui peuvent stocker jusqu'à 350 livres numériques. Les deux sont dotés d'un affichage en niveaux de gris qui imite l'aspect de l'encre sur le papier. De la taille d'un livre de poche, ils n'ont que quelques millimètres d'épaisseur.

Le lecteur de poche PRS-300, doté d'un écran de cinq pouces, est offert en marine, rose ou argent. Il coûte près de 260 $.

Le lecteur PRS-600 est quant à lui doté d'un écran tactile de six pouces permettant une navigation plus rapide, le changement de page, la mise en surbrillance et la prise de notes au glissement d'un doigt ou d'un stylet. Il permet aussi de regarder des photos et d'écouter de la musique. Rouge, noir ou argent, il comprend un dictionnaire anglais intégré et des fentes d'expansion pour les cartes de mémoire. Son prix de détail tourne autour de 400 $.

Le livre électronique a l'avantage d'éviter les coûts monétaires et environnementaux liés au papier, à l'imprimerie et au transport. Il permet aussi un accès continu à des ouvrages qui ne seraient plus disponibles ou pour lesquels il y a si peu de demande que leur édition ne serait autrement pas rentable. De plus, son utilisateur peut trimballer avec lui une imposante partie de sa bibliothèque.

En revanche, comme pour toute technologie, il y a un risque de désuétude. Si les livres imprimés peuvent, dans les bonnes conditions, durer des siècles, les fichiers numériques d'aujourd'hui pourraient ne plus être lisibles dans quelques décennies.

Le livre numérique représentera certainement un changement draconien dans les habitudes des amants de la littérature qui l'adopteront. Ils devront par exemple oublier l'odeur de l'encre et apprendre à évaluer le volume d'un ouvrage le nombre de pages restantes autrement qu'en en regardant l'épaisseur.