Conçu pour optimiser la navigation sur internet sur les téléphones portables, le système d'exploitation Android va aussi permettre à Google de prendre position dans les ordinateurs, offrant une nouvelle occasion de braver la puissance de Microsoft, estiment des experts.

Le fabricant taïwanais Acer a déjà annoncé la sortie dans quelques mois d'un premier 'netbook' (petit ordinateur portable) sous Android, et les analystes financiers tablent sur de prochains appareils de ce type également chez Asustek (Taïwan), ainsi que les Américains Dell et Hewlett-Packard.Deux autres fabricants d'ordinateurs, Samsung et Toshiba, font partie d'une alliance lancée en novembre 2007 avec une trentaine de groupes technologiques et d'opérateurs téléphoniques pour développer Android, ce qui laisse attendre aussi de leur part des ordinateurs fonctionnant dans un environnement Google.

«Nous sommes très optimistes pour Android», a commenté un analyste du cabinet Gartner, Van Baker, spécialisé dans l'étude du marché des ordinateurs portables, estimant que le rythme soutenu de sorties annoncées de nouveaux appareils utilisant ce système est de bon augure, après un début assez lent.

L'opérateur T-Mobile a annoncé en début de semaine la prochaine sortie aux Etats-Unis d'un deuxième combiné sous HTC, le fabricant Motorola se préparerait à sortir deux appareils cet été d'après le Wall Street Journal, et plusieurs opérateurs européens multiplient aussi les offres.

Or pour Christa Quarles, analyste chez Thomas Weisel Partners, les téléphones portables les plus perfectionnés étant devenus de véritables mini-ordinateurs, une implantation réussie de Google sur ce marché a toutes les chances de préfigurer une prise de part de marché dans les ordinateurs, alors qu'actuellement Microsoft équipe environ 90% des PC dans le monde.

«Si Google avait directement attaqué les ordinateurs de bureau, ses chances de succès auraient été minimales, vu l'avantage de Microsoft. Mais en commençant par l'ordinateur le plus mince et le plus léger, le téléphone multifonctions, Google est en position de prendre des parts de marché», a écrit Mme Quarles, «d'abord au niveau des netbooks puis en fin de compte comme un concurrent de plein droit sur les ordinateurs».

On n'en est pas encore là, tempère cependant M. Baker, qui note que 70% des netbooks actuels fonctionnent sous Windows.

En outre, les fonctions que recherchent actuellement les utilisateurs de 'smartphones' ne sont pas celles offertes par les 'netbooks', ce qui signifie que pour passer d'un segment à l'autre Android devra acquérir de nouvelles possibilités.

«Les netbooks sont un outil de production de contenus», explique M. Baker, alors que les téléphones portables, même les plus sophistiqués, sont surtout «un outil de consommation», permettant la consultation sur internet et l'écoute ou le visionnage de produits culturels.

Cela dit, «les différences s'amenuisent», note-t-il, ce qui ouvre des espoirs à Google.

Et le succès commercial des 'netbooks', sauvés par leurs prix bas de la morosité actuelle du marché des ordinateurs, est une aubaine supplémentaire pour le groupe de Mountain View.

A terme, l'intérêt pour Google, dont le système Android est accessible gratuitement aux développeurs, à la différence de Windows, est de consolider son avance dans le marché publicitaire, en maîtrisant toute la chaîne informatique, et non plus seulement le domaine des recherches sur internet.

Une stratégie qui est déjà bien avancée, avec une suite de services en ligne (messagerie, calendrier, tableaux, traitements de photos etc.) qui concurrence de plus en plus l'offre de Microsoft.