Certains opposants à Microsoft ont mis en doute vendredi l'efficacité de l'annonce la veille par le géant informatique américain que la prochaine version de son système d'exploitation Windows serait expurgée en Europe du navigateur Internet Explorer.

«C'est trop peu, trop tard», a résumé Hakon Wium Lie, responsable des questions technologiques du concepteur norvégien de logiciels Opera Software.Une plainte d'Opera, à laquelle se sont ralliés d'autres concepteurs de navigateurs comme Mozilla ou Google, a motivé une enquête de la Commission européenne sur Internet Explorer.

Bruxelles a accusé Microsoft d'abuser de la position dominante de Windows, qui équipe 90% des PC dans le monde, en y intégrant systématiquement Internet Explorer qui bénéficie ainsi d'un avantage concurrentiel.

«Le point intéressant, c'est que Microsoft a dit pendant des années que retirer Internet Explorer était impossible. Soudain, ils peuvent le retirer. Il faut encore voir ce que cela signifie en pratique», a relevé le patron d'Opera, Jon S. von Tetzchner, lors d'une conférence de presse.

Cela aurait pu être différent «si Microsoft avait fait ce qu'il a annoncé hier soir en 1997 ou mi-1996», juste après avoir commencé à intégrer Explorer à Windows, a également souligné Thomas Vinje, avocat de l'association ECIS qui réunit plusieurs sociétés opposées à Microsoft (dont Opera).

Mais aujourd'hui, il y a «des effets sur le marché de ce comportement illégal persistant»: il a évoqué la «prééminence du +e+ bleu», icône d'Internet Explorer devenue dans l'esprit de beaucoup celui de l'accès à internet, et aussi l'existence d'une «immense base installée» de versions antérieures de Windows (XP, Vista), où le navigateur est intégré.