Éditeurs, libraires et auteurs se retrouvent ce week-end à New York à la Foire du livre, un secteur en crise où la seule certitude est que l'ouvrage du futur aura bien peu à voir avec l'invention de Gutenberg.

«Qu'est-ce qu'un livre?» se demande Lance Fensterman, directeur d'ExpoBook America, qui se tient jusqu'à dimanche au palais des congrès Javits.

La réponse n'est pas simple: livre traditionnel avec pages en papier et couverture, audio-livre, livre électronique consulté sur un support portable comme le Kindle d'Amazon ou le lecteur de Sony.

Le débat est ouvert, mais tous s'accordent à dire que le monde de l'édition évolue toujours plus vers la distribution d'un contenu.

«Le format est secondaire», explique Lance Fensterman à l'AFP. «Les éditeurs se transforment en fournisseurs de contenu et ne se concentrent plus sur l'impression», précise-t-il.

BookExpo America est la principale Foire aux livres aux Etats-Unis, la seconde au niveau mondial après celle de Francfort (Allemagne) et la plus importante en langue anglaise.

Quelque 1500 éditeurs et libraires du monde entier s'y retrouvent, ainsi qu'un millier d'auteurs et 30 000 visiteurs, selon les organisateurs.

Des auteurs de bestsellers aux célébrités comme l'actrice Julie Andrews ou le pilote de l'avion «miraculeusement» amerri sur l'Hudson, Chelsey Sullenberger, sont notamment attendus.

D'après Lance Fensterman, «la mode est actuellement au numérique». «Le support électronique permet de fournir le contenu à un prix bien moindre. Il ne faut rien imprimer, ni transporter, pas de stock à gérer», constate-t-il.

D'après Book Industries Trend, qui analyse annuellement l'édition, 3 milliards de livres traditionnels ont été vendus en 2008 aux Etats-Unis, soit 1,5% de moins qu'en 2007.

Mais ces chiffres ne reflètent pas l'impact réel de la crise. Le groupe Borders, une des chaînes principales de librairies du pays, a annoncé cette semaine une chute de 12% de ses ventes au cours du premier trimestre 2009.

La difficulté réside dans l'adaptation du secteur. «Comment facturer le nouveau produit? Comment protéger les droits d'auteur?», se demande le directeur de la Foire.

Rick Joyce, responsable marketing de la maison d'édition new-yorkaise Perseus Books, a lancé un nouveau projet pour illustrer le problème à travers un exemple concret.

Durant la Foire, les visiteurs pourront participer à la confection en trois jours de ce «livre du futur», de son contenu à sa présentation sur différents supports.

 «Nous allons le publier dans tous les formats possibles, audio, texte et numérique», explique Rick Joyce.

Selon Nielsen BookScan, les supports électroniques d'Amazon et de Sony ont vu leur chiffre d'affaires augmenter de 7% en 2008, à 113 millions de dollars.

Mais le développement du numérique ne signifie pas la disparition du livre traditionnel. «Il y aura toujours des lecteurs pour le papier imprimé», estime Fensterman. «La question est plutôt de savoir quel sera le pourcentage de population concerné, 3% ou 75%. Nous ne le savons pas encore, mais en tant que professionnels nous devons offrir des options».

Janet Brown, de la maison d'édition ThingsAsian, pense que le livre traditionnel doit changer. «Il est devenu trop cher, il faut réussir à publier des livres qui coûtent moins. Parce qu'il faut l'admettre, l'idée de lire un livre électronique la nuit au lit n'est pas du goût de tout le monde», dit-elle.

Vous avez une nouvelle à nous communiquer ou encore une idée pour un reportage? Écrivez-nous à technaute@cyberpresse.ca