Le succès des lecteurs MP3 va-t-il accélérer la fonte des glaces? C'est la mise en garde lancée par l'Agence internationale de l'Energie (AIE), pour qui la multiplication des gadgets électroniques va faire exploser la demande d'électricité et les émissions de CO2.

Si rien n'est fait pour améliorer l'efficacité énergétique de ces appareils, leur consommation va doubler d'ici à 2022 et tripler d'ici à 2030, souligne l'agence dans un rapport intitulé «Gadgets et Gigawatts» publié mercredi.Ils consommeront à cette date l'équivalent de la demande actuelle de l'ensemble des foyers américains et japonais (soit 1.700 TWh), affirme-t-elle.

«C'est le domaine de la consommation d'électricité domestique qui croît le plus vite», a indiqué Paul Waide, analyste à l'AIE, au cours d'une conférence de presse.

La consommation électrique de ces gadgets (lecteurs de DVD, modems, consoles de jeux, etc.) a augmenté de 7% par an entre 1990 et 2008 pour atteindre désormais 15% de la demande électrique des ménages.

«Cela représente actuellement un peu plus de 500 millions de tonnes d'emissions de CO2 et une facture électrique de 80 milliards de dollars chaque année», a souligné M. Waide.

Si la consommation d'énergie des gros appareils électroménagers a eu tendance à reculer du fait des progrès technologiques, ce n'est pas le cas des appareils électroniques aux fonctionnalités sans cesse plus énergivores, note l'AIE.

Ainsi, un téléviseur va souvent consommer plus d'électrons qu'un réfrigérateur et une console de jeux plus qu'un lave-linge.

Et ces appareils ne se multiplient pas seulement dans les pays riches. «En Afrique, une personne sur neuf dispose maintenant d'un téléphone portable», souligne le rapport.

Avec le développement des pays émergents, la planète comptera dès 2010 deux milliards de téléviseurs, 3,5 milliards de téléphones portables et 1 milliard d'ordinateurs, pronostique l'Agence.

Pour satisfaire la demande de ces appareils électroniques, il faudrait construire des centrales électriques d'un capacité totale de production de 280 gigawatts (GW) dans les 20 prochaines années.

«C'est un chiffre énorme», souligne le directeur général de l'Agence, Nobuo Tanaka, remarquant qu'il représente l'équivalent de 200 réacteurs nucléaires supplémentaires.

A terme, le foisonnement des gadgets numériques pourrait «compromettre» les efforts des gouvernements pour assurer leur indépendance énergétique et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, prévient l'AIE.

Mais «il y a une grande marge de progrès», remarque M. Waide, qui avance que la consommation de ces appareils pourrait être réduite de moitié en utilisant les technologies existantes les plus performantes.

Un ordinateur portable standard consomme ainsi en moyenne trois fois moins d'énergie qu'un ordinateur fixe car les fabricants de portables ont un intérêt commercial à concevoir les modèles les plus économes possibles.

«Cet exemple nous montre ce qui peut être accompli», remarque M. Tanaka. Mais «lorsqu'il n'existe pas d'incitation commerciale, les gouvernements doivent intervenir».

L'AIE suggère notamment de fixer des normes minimales d'efficacité énergétique et de renforcer l'information des consommateurs sur la facture énergétique de ces appareils.