L'arrivée du numérique a complètement révolutionné le monde de la photo. Même si les gens immortalisent de plus en plus de moments de leur vie, les albums sont moins bien garnis. Et si les ventes d'appareils explosent, les commerces spécialisés doivent user d'imagination afin de maintenir leur chiffre d'affaires.

Dans les commerces du Saguenay-Lac-Saint-Jean, impossible de se trouver un appareil photo traditionnel. Le numérique a complètement chassé des tablettes les modèles qui nécessitaient l'achat de pellicule. Seuls les appareils à usage unique ont toujours la cote, surtout chez les voyageurs.

Michel Duchesne, propriétaire de Justin Maltais Photo, confirme que la pellicule est appelée à disparaître. «La pellicule, on en parle pratiquement plus. Elle est appelée à disparaître d'ici cinq ans maximum. Avant, je faisais des commandes de 10 000 films. Là, quand j'en achète 100, c'est beaucoup. J'ai peur de rester avec», confie-t-il.

Friands des développements technologiques, les consommateurs changent de plus en plus souvent d'appareil.

«Avec l'avènement du numérique, les gens cherchent davantage un appareil électronique qu'un appareil photo», affirme Guy Bouchard, propriétaire du Centre photo vidéo numérique de Jonquière. «Aujourd'hui, c'est de l'imagerie, non plus de la photo.»

Mais le nombre d'impressions est en diminution. «La photo ne s'est jamais aussi bien portée. Il y a plus d'amateurs de photos. Les gens veulent un plus gros écran, un plus gros zoom. Les nouvelles caractéristiques sont attrayantes. Mais la quantité de films vendus n'a pas nécessairement été remplacée par les impressions numériques», soutient Gilles Verreault, gérant du Centre japonais de la photo.

Aujourd'hui, seule la capacité des cartes mémoire régit le nombre de clichés qu'on peut capter. Mais bien que la population prend de plus en plus de photos, celle-ci ne prend pas toujours la peine de les faire développer afin de remplir des albums souvenirs.

Au Centre japonais de la photo, on estime faire quelque 10 000 impressions de moins qu'il y a quelques années à chaque mois.

Chez Justin Maltais Photo, le propriétaire soutient qu'il effectue la moitié moins d'impressions qu'auparavant. «On réussit à faire le même chiffre d'affaires, mais on a dû développer d'autres choses», explique Michel Duchesne.

De son côté, le propriétaire du Centre photo vidéo numérique de Jonquière a réorienté son commerce afin de tirer son épingle du jeu, dans un milieu où il y a une multiplication des joueurs. «Il y a des postes de commande de photos partout. On en trouve à l'épicerie, à la pharmacie, dans les grandes surfaces. C'est difficile de survivre dans ce marché-là», soutient celui qui a transformé son entreprise en un commerce de multimédia.

Défi

Pour les commerces spécialisés en photo, le défi consiste à convaincre les consommateurs de faire imprimer leurs clichés.

«Beaucoup de gens gardent leurs photos dans leur ordinateur. Des grands-papas et des grands-mamans me disent qu'ils n'ont plus de photos de leurs petits-enfants», témoigne le propriétaire de Justin Maltais Photo.

«Il y a moins un engouement rapide pour le développement des photos car les gens ont vu l'image», affirme pour sa part le propriétaire du Centre japonais de la photo.

De son côté, le gérant du commerce estime que d'ici deux ou trois ans, il y aura une expansion du nombre de finitions de photos. «D'ici quelques années, certaines personnes prendront conscience qu'il y a des trous dans leurs albums. Quand ils perdent leurs photos une première fois, ensuite ils les font finir. Le nombre d'impressions devrait augmenter lorsque les gens vont réaliser que c'est la manière la plus sûre de conserver les photos.»