C'est loin d'être l'industrie la plus polluante, et pourtant la téléphonie mobile veut devenir plus écologique, une démarche encore timide malgré quelques annonces emblématiques cette semaine au Congrès mondial du secteur à Barcelone.

Signe de son nouvel intérêt pour le sujet, un «pavillon des énergies vertes» est apparu cette année au Congrès, mais il rassemble moins de dix entreprises dans un minuscule espace.La téléphonie mobile n'a pas à rougir de son impact environnemental: selon l'Idate, le bilan carbone des télécoms (fixe, mobile, internet) est de 183 millions de tonnes de CO2, soit 0,7% des émissions totales, «un montant très raisonnable alors qu'ils représentent 2% du PIB global».

Un client européen de mobile produit 17 kilogrammes de CO2 par an, l'équivalent d'un trajet de 111 kilomètres en voiture, calcule l'Idate.

Mais «les pratiques peuvent encore être significativement améliorées» car «les mesures pour réduire les émissions de CO2 se mettent en place lentement», estime l'institut.

Les constructeurs et opérateurs ont marqué les esprits cette semaine avec une annonce fracassante, la promesse qu'en 2012 la majorité des téléphones utiliseraient le même chargeur. Une avancée majeure qui arrive bien tard dans un secteur qui a une bonne dizaine d'années d'existence.

D'ici là, les initiatives écologiques resteront marginales: Samsung, LG et ZTE ont dévoilé des téléphones se rechargeant à l'énergie solaire, une goutte d'eau parmi les dizaines de modèles qu'ils vendent.

Si le Blue Earth (Planète bleue) de Samsung, est attendu au second semestre en Europe, le Coral-200-Solar de ZTE sera distribué dès juin à Haïti, dans les îles Samoa et en Papouasie Nouvelle-Guinée. LG n'a pas spécifié le marché visé.

Dans les pays émergents, la téléphonie mobile a une vraie opportunité d'être écologique, surtout par nécessité: «il y a dans le monde plus de 2 milliards de personnes qui ont un accès limité voire inexistant à l'électricité», explique Wang Yong Zhong, directeur des terminaux de ZTE.

D'où l'intérêt de recourir aux énergies alternatives, solution qui a fait ses preuves pour les antennes de téléphonie.

«Cela entraîne un bénéfice pour l'environnement mais aussi un énorme avantage financier!», souligne Kirst Sormunen, directrice de l'environnement chez Nokia, qui a des projets dans trente pays. Ericsson, qui a déployé 100 sites à énergie verte dans le monde, veut réduire son bilan carbone de 40% d'ici cinq ans.

L'installation d'antennes alimentées par le soleil et le vent à Vanuatu, où la géographie est difficile, permet d'économiser sur l'envoi de diesel par hélicoptère, raconte Stephen Goobermann-Hill, de la société d'énergies alternatives PowerOasis.

«L'industrie du mobile a trois motivations: c'est bon pour l'environnement, ça peut au final réduire leurs coûts et c'est bon pour leur image», note Annette Zimmermann, analyste chez Gartner, jugeant la deuxième raison la plus importante: «les réductions de coûts peuvent être significatives».

La diminution d'environ 50% des emballages de téléphones par les constructeurs leur a fait économiser en 2008 500.000 tonnes de papier et de plastique, selon elle.

Reste le problème du recyclage des mobiles, alors que les écologistes y dénoncent la présence de substances toxiques: une récente enquête menée dans 13 pays a montré que seuls 3% des consommateurs recyclent leur vieux téléphone.