Monter la garde, donner la météo ou délivrer des messages: des robots pourront très bientôt accomplir toutes ces tâches chez vous, à un prix relativement accessible, une offre qui témoigne du frémissement d'un marché français encore extrêmement limité.

La jeune société Gostai va commercialiser avant l'été un service en ligne, sous forme d'abonnement, pour contrôler n'importe quel robot à distance, depuis un PC ou même un mobile.

«I-Sobot» de la société Takara-Tomy: le plus petit robot humanoïde

«Cela coûte beaucoup moins cher de développer des applications en ligne que de faire rentrer toute l'intelligence dans le robot», explique Jean-Christophe Baillie, fondateur de cette start-up.

L'objectif est de mettre des comportements complexes à portée de robots entrée de gamme (moins de 400 euros), comme le Rovio de WowWee ou le Spykee de Meccano. «Le public auquel on s'intéresse, c'est Monsieur et Madame Tout-le-monde», souligne M. Baillie.

Au programme, un service de «téléprésence», pour surveiller ce qui se passe chez soi à travers les «yeux» du robot: vérifier si les enfants sont bien rentrés de l'école, si la porte est bien fermée ou traquer l'intrus.

Désireux de se positionner sur ce «secteur d'avenir», l'opérateur SFR s'est s'associé à Gostai pour lancer, du 14 au 27 février, une expérimentation à Paris.

Outre le robot «patrouilleur de la maison», les visiteurs du «StudioSFR» pourront découvrir le robot «conteur d'histoire», avec la possibilité d'enregistrer sa propre voix, ou encore le robot «messager» qui transmet oralement les SMS qui lui sont envoyés, détaille Jean-François Caillard, directeur de l'innovation du groupe.

D'autres usages amusants seront testés: danser, donner les dernières nouvelles, lire les mails...

Alors à quand une offre commerciale? «Aujourd'hui la robotique est encore un terrain exploratoire, nous attendons de voir la réaction du public», tempère M. Gaillard.

Beaucoup plus onéreux, mais plus sophistiqué, le robot humanoïde Nao, développé par la société Aldebaran et essentiellement destiné au monde de la recherche, veut partir à la conquête des technophiles cette année.

«Nous sommes une entreprise française qui vend des robots aux Japonais!», se réjouit son PDG Bruno Maisonnier.

Un petit exploit quand on sait qu'au Japon, la robotique «fait partie des grands programmes nationaux», rappelle Bruno Rives, fondateur de l'observatoire des nouvelles technologies Tebaldo.

«En France, on trouve beaucoup de talents et il y a une prise de conscience de l'intérêt de ce marché», dit-il, mais «il manque l'impulsion et la concertation».

«Un plan robotique pour tous serait bienvenu», renchérit Bruno Bonnell, qui a quitté l'univers des jeux vidéo (Infogrames) pour prendre la tête de Robopolis, spécialisé dans la distribution de robots.

Si ce secteur en est encore à ses balbutiements dans l'Hexagone, M. Maisonnier est convaincu qu'il «révolutionnera la société», à l'image des ordinateurs.

Mais à la différence de «l'informatique et de l'internet qui nous ont surpris, le souci de la robotique, c'est que la science-fiction nous a fait espérer beaucoup plus que ce qui existe», relève l'écrivain Daniel Ichbiah, auteur de «Robots: genèse d'un peuple artificiel».

«Les gens attendent un majordome pour faire la vaisselle, la cuisine et le ménage», ajoute-t-il. Patience toutefois: il faudra vraisemblablement attendre 2015-2020 avant de voir un tel rêve se concrétiser.