Le plan de relance économique inclus dans le budget fédéral de la semaine dernière comprend des mesures afin d'aider les entreprises de tout le pays à moderniser leur système informatique et leur accès à internet. C'est une aide indirecte au secteur des technologies de l'information (TI) que ces dernières apprécient, mais que certains jugent un peu trop timide pour être réellement profitable.

La semaine dernière, le gouvernement a annoncé deux mesures afin d'accroître l'informatisation des entreprises canadiennes. La première vise à accélérer le déploiement des services internet à large bande dans les régions qui ne sont pas déjà desservies. Deux cent vingt-cinq millions dollars y seront consacrés par Industrie Canada, au cours des trois prochaines années.

La deuxième mesure hausse la déduction pour amortissement à 100% du nouveau matériel informatique et des nouveaux logiciels acquis par les entreprises, et sera valable jusqu'en janvier 2011. Pour un ordinateur, cette déduction était auparavant de 45%.

À l'Association québécoise des technologies (AQT), on semble satisfait de ces annonces. «Pour une rare fois dans un budget, on met l'accent sur le rôle des technologies dans l'accroissement de la productivité des entreprises», affirme Nicole Martel, PDG de l'AQT. En ajoutant à cela les baisses d'impôts généralisées, Mme Martel en conclut: «Ça va aider nos membres.» Selon elle, ces mesures vont stimuler la demande auprès de ses membres, qui sont pour la plupart des fournisseurs de matériel ou de services informatiques et qui ont une clientèle principalement composée d'entreprises canadiennes.

Pour s'en assurer, l'association compte bientôt lancer une offensive marketing auprès des PME québécoises, afin de mieux faire connaître les services de ses membres. «On a un défi de notoriété à relever, dit-elle. Les TI permettent de réduire les coûts et d'accroître la productivité. Elles doivent être mieux connues.»

Plus que de la haute vitesse

Sans doute que le plan d'aide à la haute vitesse annoncée par le ministre des Finances la semaine dernière est en partie inspiré par le projet du gouvernement américain de déployer le large bande à l'échelle du pays. À la différence près qu'aux États-Unis, cette technologie est un pilier important de l'ambitieux plan de relance de nouveau président, ce qui est loin d'être le cas pour le plan canadien, constate Robert Proulx, président de Télécommunications Xittel, un fournisseur de services internet basé à Trois-Rivières.

«J'avais beaucoup d'espoir et j'ai été grandement déçu par le budget, dit-il. Deux cent vingt-cinq millions de dollars pour tout le Canada, c'est bien peu. Ailleurs dans le monde, on est rendu à la «très» haute vitesse jusque dans les régions. Le Canada était parmi les meilleurs au monde avant, mais les infrastructures de télécommunications ont été grandement négligées. On risque de perdre notre avantage.»

Par «très haute vitesse», le président de Xittel réfère à la fibre optique à domicile (Fiber to home). C'est une technologie favorisée dans plusieurs pays, en Europe et en Asie, où tout le réseau, du fournisseur jusqu'au poste de travail, est composé de fibre optique. La bande passante est alors décuplée et permet d'offrir tous les services de télécommunications, de la téléphonie à la télévision à internet, à prix dérisoire.

Pour les télécoms et le commerce électronique, le potentiel de croissance en passant à la fibre optique à domicile est le même que lors du passage de l'accès téléphonique à l'accès à large bande.

«Surtout qu'aujourd'hui, tout se fait à partir d'internet. C'est encore perçu comme un média de loisirs ou de jeu, mais c'est beaucoup plus que ça.»

Selon M. Proulx, c'est un potentiel dont le Canada se prive notamment parce que c'est un gros investissement qui n'intéresse pas les géants des télécoms nationaux. «Surtout en région, il n'y a pas de profit à court terme pour une entreprise privée comme Bell ou Telus, illustre-t-il. Ça devrait être la responsabilité du gouvernement. »