Après une fin d'année au ralenti, les fusions et acquisitions d'entreprises pourraient rebondir en 2009, estiment les experts. La chute de la valeur des technos en Bourse et un brusque ralentissement de la consommation pourraient rendre ce secteur particulièrement attrayant à court terme, compte tenu d'une relance de l'investissement technologique attendue dès 2010.

«En ce moment, les gens dépensent moins et, lorsqu'ils achètent, c'est de façon plus raisonnée, moins compulsive», note Pierre Brodeur, associé au bureau montréalais de Deloitte et chef de la division étudiant les secteurs de la technologie, des médias et des télécommunications.

«Les entreprises ont beau faire les meilleurs produits sur le marché, ils ne se vendent plus autant. Elles doivent donc réviser leur modèle d'affaires. C'est évident que des sociétés qui ont des milliards en caisse vont en profiter pour en acheter d'autres.»

La semaine dernière, M. Brodeur dirigeait la conférence de presse de Deloitte, qui présentait ses prévisions concernant le secteur technologique canadien en 2009. Naturellement, de vieilles prédictions qui reviennent chaque année sont de nouveau énoncées: la fin des médias traditionnels et l'ubiquité du réseau internet, par exemple.

Sauf qu'au-delà des clichés, les grandes lignes sont différentes, cette fois. Pas de croissance spectaculaire ni de nouvelles tendances révolutionnaires. Car cette année, le consommateur est roi, malgré un budget très serré qui le mène à acheter des produits et des services les plus abordables possible. D'où la popularité explosive des netbooks, ces petits ordinateurs portatifs coûtant tout au plus 300$. Ce sera la même chose, selon le rapport, pour la publicité sur téléphones mobiles, qui permettrait de réduire le prix de détail de certains téléphones intelligents, dont les ventes semblent s'essouffler à mesure que les géants de la téléphonie coupent dans les offres spéciales.

Autre nouveauté cette année, ce sont tous les secteurs qui semblent touchés. «La seule différence, c'est que certains secteurs (automobile et finance) ont l'aide du gouvernement, contrairement aux autres», précise M. Brodeur.

Petites entreprises avalées

La société américaine Updata Advisors, spécialisée dans les transactions découlant de fusions et d'acquisitions d'entreprises, vient tout juste de réaliser une étude sur ce sujet, pour le secteur des technologies de l'information. Sa conclusion: 2009 pourrait être une année plutôt fructueuse sur le plan des fusions et des acquisitions dans ce secteur. Ce sera certainement une meilleure année que 2008, même si les transactions pourraient prendre un peu plus de temps à se conclure.

Selon le rapport publié la semaine dernière, la valeur moyenne des transactions demeurera modeste, de grandes entreprises mettant la main sur des produits ou des services complémentaires à ce qu'elles offrent déjà.

«Les fusions et acquisitions surviennent surtout quand le marché est stable et prévisible, y lit-on. L'année 2009 ne sera pas marquée par de grandes transactions, mais on peut s'attendre à beaucoup d'activité sous la barre des 200 millions.»

Les services de virtualisation et de logiciels service (le fameux cloud-computing), de même que les secteurs de la santé, de la fonction publique et de l'énergie seraient particulièrement à surveiller, selon Updata.

Chez Deloitte, on ajoute à cette liste le secteur de l'équipement informatique pour les réseaux de prochaine génération, avec ou sans fil. «Quand un million de personnes prennent une photo de Barack Obama avec leur cellulaire et l'envoient toutes en même temps à leurs amis, ça bloque les réseaux», illustre Pierre Brodeur, appuyant ainsi la prévision de Deloitte selon laquelle l'investissement dans de nouveaux réseaux plus performants pourrait s'accélérer en 2009.

Dans ce contexte, ce dernier ne serait pas surpris de voir un rival mettre la main sur ce qu'il restera de Nortel une fois qu'elle aura mené à terme sa restructuration, dans le cadre de la Loi sur la protection contre les créanciers. «Ses produits sont reconnus mondialement et sont de très haute qualité. Je suis sûr que ses concurrents suivent sa situation de très près», dit-il.