Le géant de l'électronique japonais Sony a prévenu jeudi qu'il risquait de subir de très lourdes pertes financières cette année et qu'il était contraint d'amplifier ses plans d'économies, à cause des effets dévastateurs de la crise mondiale sur ses ventes, en chute libre.

Sony s'attend désormais à endurer un déficit net de 150 milliards de yens (1,25 milliard d'euros) pour l'exercice qui sera clos fin mars, alors qu'il tablait auparavant sur un gain du même montant. Il avait déjà sabré ses prévisions initiales à l'issue du premier semestre. «L'environnement dans lequel nous évoluons s'est rapidement détérioré et personne dans le secteur électronique n'est épargné», a souligné le PDG de Sony, Howard Stringer, lors d'une conférence de presse.

Il a mis l'accent sur les variations brutales des cours des monnaies, la récession internationale, la chute des Bourses et les frais nouveaux occasionnés par les décisions à prendre pour affronter ce contexte dramatique.

«Nous ne sommes pas seulement en concurrence avec des firmes japonaises, mais aussi avec des sud-Coréens comme Samsung Electronics et LG Electronics qui profitent de la faiblesse de leur monnaie», a-t-il insisté.

A l'instar de nombreux autres groupes exportateurs nippons, Sony subit d'une part l'impact du ralentissement des ventes, et d'autre part celui, tout aussi dommageable, de la hausse du yen face aux autres principales devises. Ce phénomène, consécutif à la crise financière, amoindrit sa compétitivité et dévore ses marges.

Le fleuron nippon craint désormais un déficit d'exploitation annuel de 260 milliards de yens (2,16 milliards d'euros) alors qu'il espérait encore un profit de 200 milliards de yens il y a quelques semaines.

Sony n'était pas tombé dans le rouge sur le plan opérationnel depuis 1995.

«Nous n'avons pas d'autre alternative que de revoir totalement la façon dont nous développons, fabriquons et vendons nos produits, car sans cela il sera difficile de revenir à la rentabilité», a averti le PDG américain.

«Nous devons naviguer dans cet environnement adverse et ma première responsabilité est de restaurer la profitabilité du groupe. Ce ne sera pas facile, mais nous devons intensifier nos efforts», a-t-il ajouté.

«C'est bien pire que je ne le pensais», s'est ému un analyste d'Okasan Securities, Kazumasa Kubota, pointant du doigt la dégringolade des ventes.

La nouvelle prévision de chiffre d'affaires de Sony pour les douze mois d'avril 2008 à mars 2009, 7700 milliards de yens, est en effet inférieure de 14,5% à la précédente qui était de 9000 milliards.

Si le coeur de métier du groupe, les produits électroniques, est le plus sérieusement touché, les consoles et jeux, un domaine qui résiste généralement mieux face aux crises de consommation, ne va pas non plus afficher les performances attendues au départ, là encore à cause du yen et de ventes moins bonnes qu'espéré.

Pour faire face à cette désastreuse situation industrielle, Sony avait déjà annoncé mi-décembre un vaste plan de restructuration prévoyant la suppression de 16.000 postes au niveau mondial dans l'électronique, répartis à parts égales entre salariés fixes et temporaires. Sa mise en oeuvre va être accélérée.

Ces décisions s'accompagnent d'un remaniement structurel qui comprend une révision des projets d'investissement, une part nouvelle de sous-traitance, des fermetures d'activités non rentables et la liquidation d'usines non compétitives.

«Faire des économies n'est pas une fin en soi, il faut que nous soyons plus compétitifs, plus dynamiques, plus innovants», a martelé M. Stringer.