Les images en deux dimensions passées de mode? Au salon de l'électronique de Las Vegas (Nevada, ouest), c'est la troisième dimension que tentent d'apprivoiser les fabricants à la recherche de la nouvelle tendance qui fera s'envoler les ventes.

Certains parient que la troisième dimension déclenchera les mêmes instincts d'achat que les écrans plats. Mais quelques machines présentées à Las Vegas, comme la caméra 3D de Minoru, à l'allure d'un ET doté de deux objectifs reprenant l'écartement des yeux humains, semblent mieux parties pour devenir des objets cultes que pour inonder le marché - un peu à l'image des tentatives d'Hollywood pour faire adopter ce standard, qui remonte à un bon demi-siècle.

Aussi, pour convaincre les sceptiques, des géants de la profession, le fabricant japonais Panasonic et le réalisateur de «Titanic» James Cameron, mettent leur notoriété au service de leur prosélytisme.

«Ne vous y trompez pas, le 3D n'est plus un gadget», a affirmé M. Cameron, intervenant par message vidéo lors de la présentation du Home Theater de Panasonic, en haute définition et en 3D.

James Cameron a d'ailleurs réalisé en trois dimensions son dernier film «Avatar», en fin de production.

Un bon nombre de cinémas américains sont équipés de projecteurs permettant de diffuser des films en 3D, donnant pratiquement l'impression que l'action déborde de l'écran, mais bien des spécialistes estiment qu'installer la troisième dimension à la maison sera plus difficile.

L'une des difficultés réside dans l'absence d'une norme unique, qui fait hésiter les studios de cinéma à se lancer.

Avec son écran plasma de 103 pouces (210 cm) et un rendu d'effets spéciaux à couper le souffle, Panasonic s'est attiré des réactions enthousiastes. Mais un porte-parole a indiqué qu'aucune date n'avait été fixée pour la mise sur le marché américain.

«Ca va dépendre de si on arrive ou pas à installer un format», a expliqué le porte-parole, Dan Tarwater. «Panasonic voudrait pouvoir venir sur le marché avec une norme déjà installée, plutôt que de se risquer tout seul».

«Cela exige une coopération non seulement des fabricants de matériel, mais aussi du côté des programmes», ajoute-t-il.

Et puis il y a le look et le confort très particuliers des lunettes spéciales pour voir les images en 3D.

«Je ne crois pas que ce sera une technologie qui s'imposera sur le marché tant que les contenus ne s'amélioreront pas, et tant que les fabricants ne pourront pas trouver une façon de faire du 3D sans les lunettes», déclare Paul Gagnon, un spécialiste des téléviseurs au cabinet de marketing DisplaySearch.

«Certains font des démonstrations sans lunettes, mais il reste beaucoup de progrès à faire», estime-t-il.

L'avenir des jeux vidéos en trois dimensions en revanche semble plus assuré.

«Voilà venue l'année où le 3D se généralise», se réjouit Ujesh Desai, responsable de l'activité GeForce chez le fabricant de puces graphiques NVIDIA, dont les présentations ont fait sensation à Las Vegas.

«Je crois que dans un premier temps, le 3D a une occasion formidable en tant que spécialité, surtout pour les jeux», convient M. Gagnon.

Son collègue John Jacobs s'interroge pourtant: «pour moi la difficulté c'est: quelle est la taille de ce marché, et combien veut-on investir là-dedans. (...) la difficulté c'est de devenir un produit de masse».

Hors des halls du CES, plusieurs acteurs du secteur se sont associés pour permettre jeudi la diffusion en direct et en 3D d'un match de football américain très suivi, dans 80 cinémas répartis dans 35 États américains, au prix de centaines de millions de dollars d'investissement.

«Ca nous a pris huit ans», confie Bud Mayo, le patron d'une société, Cinedigm Digital Cinema, qui tente de transformer les cinémas en théâtres en 3D pour des matches, des concerts et d'autres événements.