Avec des fabricants de téléviseurs multipliant les capacités de connections à l'internet et des portails développant les applications dédiées à la télévision, les différences s'effacent de plus en plus entre ces deux médias.

«La frontière s'abolit entre la télévision et l'ordinateur», a prédit mercredi le PDG de Microsoft Steve Ballmer, en donnant le coup d'envoi du grand salon de l'électronique de Las Vegas (Nevada, ouest).

Le portail internet Yahoo!, qui en août s'était allié avec le fabricant de puces Intel dans ce but, est déjà à la pointe des innovations en la matière.

Mercredi, il a annoncé que sa collaboration avec les fabricants de téléviseurs Samsung, Sony, LG Electronics et VIZIO, ainsi que Toshiba, permettrait «d'apporter une expérience nouvelle de l'internet et de la télévision à des millions de consommateurs à travers le monde, dès le printemps 2009».

Grâce à des «widget» (gadgets internets) développés spécialement pour la télévision, on pourra consulter des emails, suivre la Bourse et utiliser les applications de l'univers Yahoo! sans décrocher d'un programme télévisé.

«Cette nouvelle interface permet (aux téléspectateurs) d'interagir et de se connecter avec nombre de leurs services internet préférés à un niveau personnel», expliquait la semaine dernière un dirigeant de Samsung, Boo-Keun Yoon, voyant là «l'avenir de la télévision».

Avec MySpace, les internautes pourront gérer leurs sorties ou organiser une soirée télé à distance, avec de simples clics sur la télécommande du téléviseur.

De nombreux autres partenaires se préparent à participer à cette innovation, promet Yahoo!, en révélant que le site d'enchères eBay, les quotidiens USA Today et New York Times, les loueurs de films Netflix et Blockbuster, le détaillant en ligne Amazon et le site de mini-blogs Twitter (TM), pourront être accessibles durant des programmes télévisés.

Et comme Yahoo! et Intel ont annoncé la publication du «kit de développement Widget», ils espèrent encourager d'autres acteurs à créer des applications internet pour la télévision, brouillant toujours plus les limites.

De son côté, le site de partage de vidéos YouTube, appartenant à Google, un rival de Yahoo!, a fait alliance avec le sud-coréen LG, qui a lui-même annoncé un partenariat avec Netflix la semaine passée.

Toutes ces innovations capitalisent sur des évolutions déjà bien installées, qui ont vu les internautes prendre l'habitude de télécharger films et programmes de télévision.

Mais en intégrant internet sans nécessiter d'appareil intermédiaire, les nouveaux téléviseurs présentés par Samsung et Toshiba mercredi sont particulièrement ambitieux, estime John Jacobs, un analyste du cabinet de marketing Display Search.

Il attend également avec intérêt le téléviseur Toshiba utilisant le microprocesseur Cell, «le processeur vidéo le plus rapide», à en croire Scott Ramirez, patron du marketing chez Toshiba America, jusqu'à présent surtout utilisé pour la console de jeux Playstation 3 (Sony).

Le problème, selon John Jacobs, c'est que si les fabricants et les sites parlent d'une expérience «sans solution de continuité» pour l'internaute-téléspectateur, dans la pratique l'objectif reste difficile à atteindre.

Deux raisons à cela selon lui: «il y a du matériel de différentes marques qu'il faut faire marcher ensemble». Et surtout, «aux Etats-Unis au moins, le problème c'est que le haut débit est pathétique: c'est très cher, et très lent».

Pourtant, à en croire une enquête d'opinion publiée mercredi, le marché existe pour le mariage de l'ordinateur et de la télévision: Près des trois quarts (71%) des Américains interrogés par les sociétés de logiciels Oregan Networks et Micronas voudraient disposer d'un navigateur internet sur leur téléviseur.