Le géant de l'électronique japonais Panasonic a annoncé vendredi qu'il allait lancer une offre publique d'achat (OPA) sur son compatriote Sanyo, «dès que possible», un moyen de renforcer son offre de technologies porteuses pour surmonter la crise qui le chahute plus que prévu.

Panasonic s'apprête à débourser jusqu'à 800 milliards de yens (environ 11 G$ CA) pour faire entrer son voisin Sanyo dans son giron et donner ainsi naissance au plus important groupe d'électronique diversifié japonais, devant Sony et Hitachi, et en faire un des géants mondiaux.

Panasonic, qui fabrique aussi bien des produits audiovisuels que des appareils électroménagers, dit espérer «acquérir ainsi la majorité des droits de vote au sein de Sanyo».

L'ex Matsushita avait fait part le 7 novembre d'un accord avec Sanyo pour transformer ce dernier en filiale, mais il a dû ensuite négocier avec les trois plus gros actionnaires de Sanyo, les groupes financiers américain Goldman Sachs et japonais Daiwa Securities et Sumitomo Mitsui, afin de s'assurer des chances de réussite d'une éventuelle OPA.

Ensemble, ces trois institutions financières détiennent l'équivalent de plus de 70% de Sanyo. Les quelque 30% restants sont aux mains d'environ 250 000 petits porteurs.

Selon Panasonic, ce trio de détenteurs d'un gros paquet d'actions préférentielles, émises par Sanyo lors de sa douloureuse restructuration en 2006, «envisagent de répondre positivement» à sa proposition de rachat.

Panasonic, multinationale créée par le capitaine d'industrie et fin négociateur Konosuke Matsushita (1894-1989), sort donc vainqueur d'une longue bataille avec les patrons de Goldman Sachs au Japon, qui se sont montrés coriaces. L'aggravation des comptes de leur maison-mère américaine a vraisemblablement aidé Panasonic à leur faire lâcher prise à 131 yens par action, alors qu'ils avaient refusé «sec» à... 130 yens.

Si le mariage de raison entre Panasonic et Sanyo est mené à bien, les origines des deux firmes se ressouderont. Sanyo a en effet été fondée en 1947 par Toshio Ue, beau-frère de Konosuke Matsushita.

En adoptant son cadet Sanyo, le groupe entend «enrichir son catalogue de produits complémentaires et élargir ses activités» à des domaines actuellement très porteurs, dont, en premier lieu, les cellules photovoltaïques, une des spécialités de Sanyo au côté des non moins prometteuses batteries rechargeables de divers types.

Sanyo est notamment le numéro un mondial des modèles lithium-ion, batteries déjà présentes dans tous les produits électroniques autonomes et actuellement considérées comme les plus adaptées aux futurs véhicules hybrides et tout-électriques.

La maison Sanyo s'est en en outre attachée ces dernières années à développer essentiellement des produits bons pour l'environnement, la santé, l'hygiène et le divertissement multimédia, autant de domaines qui restent d'actualité malgré la crise et constituent des atouts pour la conjurer.

L'absorption de Sanyo est censée entraîner des réductions de coûts d'approvisionnement et de frais logistiques, quitte à ce que Panasonic donne au départ un coup de pouce financier (100 milliards de yens) à son nouveau poulain pour hisser son fonctionnement à hauteur de celui des autres entités du nouveau conglomérat.

«Le renforcement de la structure financière et industrielle du groupe est une priorité de cette acquisition», souligne Panasonic.

Cet éternel rival de Sony, qui avait un temps cru que ses TV et autres produits audiovisuels «stratégiques» lui permettraient d'afficher des bénéfices exceptionnels cette année encore, a récemment déchanté, victime de la demande mondiale très affaiblie, de l'appréciation du yen et la concurrence acharnée.