T-Mobile, Google et HTC ont dévoilé le 23 septembre à New York le «G1 with Google», le premier téléphone multimédia sur le marché qui utilisera Android, le système d'exploitation développé par Google. Pour se distinguer du iPhone et du BlackBerry, Android se définit comme la première plate-forme mobile ouverte, pour laquelle les développeurs d'applications sont libres de créer les services qu'ils désirent.

Ce système n'est pas que l'affaire de Google. Il sera partagé par les quelque 300 membres de l'Open Handset Alliance, un regroupement de fabricants d'appareils, d'exploitants de réseaux sans fil et de développeurs de services mobiles d'un peu partout dans le monde. L'empreinte du géant informatique de Mountain View, en Californie, est tout de même énorme. Sa barre de recherche est omniprésente sur l'appareil: dans son carnet d'adresses, dans sa boîte de courriel ou sur la Toile.

Le G1, fabriqué par la société taïwanaise HTC à partir d'un autre téléphone appelé Dream, se contrôle de deux façons: on peut glisser un doigt sur l'écran, un peu à la manière du iPhone, d'Apple, ou on peut utiliser le petit clavier QWERTY à glissière, qui se dissimule derrière l'appareil. Cette combinaison est particulièrement efficace lorsque vient le temps de surfer sur la Toile, explique Peter Chow, président de HTC. «C'est une nouvelle façon de percevoir où et comment les internautes peuvent naviguer sur la Toile. C'est une solution plus robuste et plus efficace que ce qu'on a pu voir à ce jour.»

D'autres services de Google sont aussi installés d'office sur le G1. Par exemple, l'application Google Maps combine le système GPS à une boussole électronique et à un mode d'affichage à 360 degrés appelé Street View, exclusif à Android. Ces fonctions sont intégrées à une interface graphique qui n'est pas sans rappeler le bureau d'un ordinateur personnel, sur lequel on peut déposer, virtuellement bien sûr, des photos, des raccourcis permettant de lancer des applications, et ainsi de suite.

Logiciel libre mobile

Cela ne représente toutefois que la pointe de l'iceberg pour Android, car c'est la mécanique derrière ces applications qui s'avère le trait le plus intéressant. «Les réseaux mobiles à grande vitesse existent depuis un certain temps déjà, mais il manque les bons outils pour pouvoir s'en servir adéquatement», affirmait hier Chris Shloeffer, de T-Mobile. «L'Amérique du Nord est un leader des télécommunications, mais on tire pourtant de l'arrière dans la mobilité. Pourquoi? Parce que l'expérience n'était pas particulièrement agréable pour les usagers.»

Selon T-Mobile, Android améliore cette expérience de deux façons: d'abord, le système Android ne prendra pas une ride avec l'âge. Ensuite, la place de marché Android, accessible à partir de l'appareil, contient toutes les applications développées pour cette plate-forme. Celles-ci ne fonctionnent que sur Android, ce qui en mène plusieurs à questionner l'intérêt d'une autre plate-forme mobile, qui s'ajoute au BlackBerry, à Symbian, à Windows Mobile et au iPhone. Contrairement à ce dernier, les prévisions ne lui font qu'une mince place sur le marché, d'environ 4%.

Google rétorque qu'Android a l'avantage d'être entièrement libre, à la manière du système Linux. «C'est une plate-forme qui permettra à tout développeur de créer des applications mobiles selon les besoins changeants des utilisateurs», croit Andy Rubin, le créateur d'Android. «Un espace libre pour les développeurs qui fera évoluer Android et l'ensemble de la mobilité informatique.»

Wendy Rozeluk, porte-parole pour Google Canada, ajoute qu'Android fait tomber les frontières, car même si le réseau T-Mobile aux États-Unis est l'unique détaillant d'un appareil Android, «il y a déjà des développeurs canadiens qui ont créé des applications pour ce système, et deux d'entre eux ont même remporté des prix dans des concours de développeurs», dit-elle, faisant référence à Ecorio et ShareYourBoard. Mme Rozeluk admet que Google n'a cependant aucun plan de lancer Android au Canada. «Pas pour le moment», conclut-elle.