Le secteur de la haute technologie, de l'informatique aux télécoms en passant par l'internet, est condamné à l'innovation s'il veut survivre au ralentissement de 2009, selon une étude publiée jeudi par la société spécialisée IDC.

«Une économie mondiale au ralenti va faire l'effet d'une cocotte minute sur le marché de l'informatique, accélérant le développement et l'adoption de nouveaux modèle d'entreprise», a prédit l'analyste chef d'IDC Frank Gens.

«Fournisseurs et clients se dirigeront vers les solutions nouvelles non parce qu'elles annoncent l'avenir mais parce que dès aujourd'hui elle offrent des avantages pratiques» à des clients se battants avec les coûts, a-t-il ajouté.

Selon IDC, le ralentissement brutal de la croissance mondiale va diviser par deux le taux de croissance du secteur, qui sera limitée à 2,6% maximum, ce qui représente un manque à gagner de 35 milliards de dollars de chiffre d'affaires portentiel.

Avec une telle crise, l'erreur serait de manquer d'audace, prévient IDC: «les fournisseurs qui ralentiront leur transformation limiteront leur viabilité à long terme et passeront à côté de la croissance à court terme».

Ce sont les marchés émergents, et surtout les grosses économies en développement (Brésil, Russie, Inde, Chine) et les petites et moyennes entreprises qui tireront le secteur, selon IDC, alors que les économies mondiales verront au mieux une stabilisation des dépense de haute technologie.

Tous les secteurs de la haute technologie devraient être touchés, des ordinateurs aux services informatiques en passant par les télécoms, les ventes de téléphones portables (+2,9%, contre 5,7% en 2008) et les baladeurs numériques, avec un repli sans précédent.

Parmi les tendances qui profiteront de la conjoncture, IDC cite l'informatique virtualisée (cloud computing), qui réduit les coûts matériels, et la recherche de produits «verts».

Autre raison d'espérer: la croissance continue du nombre d'internautes, selon IDC, qui prévoit que le quart de la planète (1,5 milliard de personnes) sera connecté à l'internet d'ici un an, tandis que le commece en ligne, avec un croissance ralentie, parviendra tout de même à dépasser le seuil des 8000 milliards de dollars de chiffre d'affaires.

La publicité en ligne devrait également afficher une croissance robuste de 9%, aux dépens des autres vecteurs, jusqu'à dépasser pour la première fois 10% de part de marché aux États-unis.

«Mais avec le climat économique glacial et l'arrivée à maturité du marché en ligne, nous verrons beaucoup de consolidation dans le secteur publicitaire en ligne», a déclaré M. Gens lors d'une téléconférence, prévoyant une division par deux du nombre de régies spécialisées (de 400 à 200).

Pour les télécommunications, l'espoir réside dans le basculement dans le sans fil et la fourniture de liaisons internet, déjà engagé, selon lui, par AT&T, et prochainement par British Telecom et l'Américain Verizon.

En revanche, les fabricants d'appareil portables doivent s'attendre à une année «très sombre», avec une stagnation des ventes à 1,2 milliard d'unités dans le monde, sans compter que les prix de vente vont reculer.

Renforçant ce tableau, le cabinet de marketing Gartner a révélé jeudi une décélération des ventes mondiales de téléphones multifonctions au troisième trimestre, à +11,5%, contre +26% et +16% aux deux premiers trimestres, avec un recul de 3% des ventes du leader du secteur, Nokia.

Enfin IDC a répété sa prévision d'un coup de frein sur les ventes d'ordinateurs, avec une hausse modeste en volume et un reflux en valeur, imputé notamment à la vogue des «netbooks», petits portables basiques à bas prix.