La banque d'affaires américaine Goldman Sachs a brusquement annoncé mercredi la rupture des négociations avec le géant japonais de l'électronique grand public Panasonic en vue du rachat de Sanyo, groupe dont elle est l'un des deux plus gros actionnaires.

«Nous ne sommes plus en négociations avec Panasonic au sujet de Sanyo», a déclaré une porte-parole de Goldman Sachs, Hiroko Matsumoto, sans préciser si cette rupture était définitive ou si une réconciliation était encore possible.

Les médias ont rapporté qu'un représentant de Goldman Sachs avait, littéralement, quitté la pièce où se déroulaient les pourparlers lundi soir.

Selon le quotidien Nikkei, Goldman Sachs trouve trop chiche le prix proposé par Panasonic, qui avait annoncé le 7 novembre son intention de lancer une offre publique d'achat (OPA) sur au moins la moitié du capital de Sanyo.

Panasonic n'a pas encore officiellement dévoilé sa mise. Mais selon les médias japonais, il n'a proposé aux principaux actionnaires de Sanyo que 120 yens (1,54 $ CA) par action, soit 20% de moins que le cours de clôture de mercredi à la Bourse de Tokyo.

D'après le Nikkei, Goldman Sachs demande au moins 250 yens par titre. Mais Panasonic refuse, en mettant en avant le fait que la banque d'affaires n'a payé que 70 yens par titre lorsqu'elle est entrée au capital de Sanyo en 2006, et qu'elle empochera donc une confortable plus-value.

Toujours selon le quotidien, Panasonic a l'intention de passer outre le refus de Goldman Sachs, et de lancer toute de même son OPA après avoir négocié avec les deux autres grands actionnaires, les groupes financiers japonais Sumitomo Mitsui Banking Corporation et Daiwa Securities SMBC.

Goldman Sachs et Daiwa Securities détiennent chacun l'équivalent de 28,93% du capital de Sanyo et Sumitomo Mitsui l'équivalent de 12,82%. Le gros de ces participations est constitué d'actions préférentielles acquises en 2006, qui se transformeront en actions ordinaires fin mars 2009. Les 29,32% restants sont aux mains de petits actionnaires, selon le dernier rapport annuel de Sanyo.

Daiwa Securities a également fait savoir qu'il trouvait Panasonic trop pingre. «Notre entreprise estime que le prix offert pour l'action Sanyo est trop bas et ne reflète pas correctement la valeur de l'entreprise», a déclaré le porte-parole du groupe financier Kenichi Kanda.

Selon le Nikkei, Sumitomo Mitsui se montre plus conciliant, car il estime que Panasonic est le partenaire industriel idéal pour Sanyo.

A la Bourse de Tokyo, l'action Panasonic a perdu mercredi 3,58% à 1.347 yens et Sanyo 3,85% à 150 yens, sur un marché en repli de 1,33%.

«Même si les marchés s'attendaient à ce que les négociations ne soient pas faciles, la possibilité d'un échec total des pourparlers est quelque chose de nouveau, et de négatif pour Panasonic», a commenté Nobuo Kurahashi, analyste chez Mizuho Investors Securities, cité par Dow Jones Newswires.

Si Panasonic parvient à mettre la main sur Sanyo, il deviendra le plus important groupe d'électronique diversifié japonais devant Hitachi et Sony, avec un chiffre d'affaires annuel cumulé qui dépassera les 11 200 milliards de yens (144 G$ CA), les quatre cinquièmes venant de Panasonic.