Exit le tableau noir et la craie. À l'Externat Saint-Jean-Berchmans, une école primaire privée de la capitale, toutes les classes sont munies d'un tableau blanc interactif, une première au Québec. Mais cette petite révolution technologique n'est pas réservée uniquement au privé. Les commissions scolaires emboîtent tranquillement le pas. Est-ce la fin annoncée du traditionnel tableau noir?

À l'avant de la classe d'Isabelle Tremblay trône un tableau nouveau genre, branché à un ordinateur. Grâce à un stylet, le prof - ou les élèves - peuvent y écrire des équations mathématiques ou corriger des fautes dans un texte apparaissant à l'écran.

 

Mme Tremblay, enseignante en sixième année, est enchantée. «Je ne m'en passerais plus! Le tableau nous permet d'économiser beaucoup de temps lorsqu'on fait de la préparation de classe», dit-elle.

Plus besoin de réécrire, à chaque leçon de mathématiques, la grille des unités qui sert de référence aux élèves. Une touche de stylet permet d'ouvrir des pages qui ont été sauvegardées. Besoin d'une petite révision? Un autre clic fait réapparaître l'exercice de la semaine dernière. En tout temps, l'enseignante peut aussi naviguer dans Internet.

Les élèves, visiblement, en redemandent. «C'est l'fun, ça capte notre attention. On veut plus participer, c'est vraiment motivant» lance Benjamin, avec un grand sourire. Pour éviter la chicane, Isabelle Tremblay pige à tour de rôle le nom des élèves qui vont au tableau, jusqu'à ce que tout le monde soit passé. Chacun aura sa chance!

Selon le directeur de l'école, Alain Roy, il s'agit d'ailleurs de l'avantage numéro un de ce petit tableau du futur : l'impact positif sur la motivation des élèves. «Ça fait vraiment une différence. C'est plus facile de capter l'attention des élèves qui sont visuels et les jeunes sont plus intéressés.»

Après quelques mois d'utilisation, M. Roy est convaincu que l'investissement en vaut la peine. Car le nec plus ultra du tableau n'est pas gratuit : chaque unité coûte environ 5000 $. L'école, qui compte environ 400 élèves, en a acheté 22. Un investissement «dans les six chiffres», indique le directeur. «On voulait se positionner sur le plan technologique et être à l'avant-garde. C'est le choix qu'on a fait», dit-il.

Engouement

Disponible depuis 2004 au Québec, le tableau interactif fait progressivement son entrée dans les écoles de la province. Selon l'entreprise De Marque, qui distribue le produit, plus de 500 tableaux du genre (connu sous le nom d'«Activboard») ont été installés dans les classes aux quatre coins de la province.

Les écoles privées ne sont pas les seules à se laisser séduire. La commission scolaire du Chemin-du-Roy, à Trois-Rivières, a fait l'acquisition d'une cinquantaine de tableaux interactifs pour ses écoles, devançant toutes les autres.

Depuis l'an dernier, le ministère de l'Éducation leur offre d'ailleurs un financement récurrent de 30 millions $ par année pour l'achat et le remplacement d'équipement technologique, une mesure qui fait une grosse différence, indique Yves Néron, directeur des ventes chez De Marque.

Dans la région de Québec, c'est la commission scolaire de Portneuf qui en a acheté le plus : depuis le début de l'année, on en retrouve une vingtaine dans ses écoles primaires et secondaires. Et ce n'est qu'un début, indique le directeur général, Jean-Pierre Soucy. «Les enseignants qui ont commencé à l'utiliser sont enchantés. Il y a beaucoup de demandes. Je suis sûr que ça va faire boule de neige», dit-il. D'ici quelques années, toutes les classes de sa commission scolaire auront leur tableau interactif, prévoit M. Soucy.

Selon Thierry Karsenti, titulaire de la chaire de recherche sur les technologies de l'information en éducation à l'Université de Montréal, cet outil est intéressant mais à condition qu'on en fasse un bon usage pédagogique. «Sans formation adéquate, on pourrait simplement retrouver un enseignement magistral, pas particulièrement intéressant. C'est dans l'usage que réside la clé du succès des nouvelles technologies» en classe, dit-il.

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