Plonger le spectateur au coeur de l'action grâce à de spectaculaires films 3D-relief, c'est le pari de Dreamworks, qui mise sur cette technologie malgré le faible nombre de salles équipées au niveau mondial, et montrait jeudi à Paris des images inédites de «Monstres contre Aliens».

«La troisième révolution du cinéma, après l'arrivée du parlant et celle de la couleur», l'équivalent dans la musique «du passage du vinyle au numérique»: l'Américain Jeffrey Katzenberg, directeur de Dreamworks Animation, n'a pas de mots assez forts pour vanter le 3D-relief.

Cofondateur avec David Geffen et Steven Spielberg en 1994 des inventifs studios Dreamworks - créateurs de films d'animation à succès tels que «Madagascar», «Shrek» et «Wallace et Gromit», ces deux derniers oscarisés -, M. Katzenberg a dévoilé à la presse française des extraits de la première production maison conçue pour le 3D-relief: «Monstres contre Aliens».

Doublé par des stars telles que Reese Witherspoon, Hugh Laurie et Kiefer Sutherland, ce film marie l'humour au spectaculaire des films catastrophe.

L'enjeu est de taille pour Dreamworks, dont tous les films seront désormais produits en 3D, un tournant permis par les progrès de la technologie numérique.

Cette technologie a relégué au musée les antiques lunettes à filtre rouge et bleu et les deux appareils de projection simultanée d'antan, difficiles à synchroniser -- l'un diffusant une image pour l'oeil droit l'autre pour le gauche, la superposition produisant le relief.

«Finis les maux de tête et les nausées, aujourd'hui un seul projecteur est nécessaire, il produit des images nettes, éclatantes, synchronisées et stables», a lancé avec des accents de bateleur M. Katzenberg.

Un engouement partagé par tous les grands studios de Hollywood: parmi les films en 3D-relief à venir en 2009 figurent «Coraline» (Universal) en avril, «L'âge de glace 3» (20th Century Fox) et «Up» (Disney) en juillet, «Avatar» de James Cameron en décembre. Disney seul sortira dix films en 3D-relief d'ici 2012.

Plus spectaculaires, ces productions attirent et rapportent davantage -- malgré un surcoût de l'ordre de 5 dollars par ticket aux États-Unis, le public afflue -- et les studios espèrent ainsi réduire l'attrait du piratage.

Mais quelques nuages planent encore: produire en 3D-relief entraîne des surcoûts que M. Katzenberg a tenu à minimiser, «de l'ordre de 10%, soit quinze millions de dollars sur le budget d'un de nos films, qui est de 150 M$ US».

Et surtout, la 3D-relief nécessite un équipement numérique onéreux dans lequel, faute de modèle économique sûr, les salles hésitent encore à investir, «en particulier dans le contexte de crise actuel», a admis M. Katzenberg.

Seuls «2500 écrans aux États-Unis et 700 hors du pays», devraient être en mesure de projeter «Monstres contre Aliens» le 1er avril 2009 en 3D-relief.

Les autres se contenteront d'une bonne vieille projection en 2D.