Effondrement ou simple ralentissement, les estimations sur le marché américain de l'informatique et de l'électronique grand public varient considérablement, mais une chose est sûre: il va mal et les ventes de Noël s'annoncent mauvaises.

La chaîne de magasins d'électronique Best Buy a affirmé mercredi que le marché était le pire qu'il ait connu depuis sa fondation en 1966.

«Depuis la mi-septembre, des changements rapides et sismiques dans le comportement des consommateurs ont créé l'envionnement le plus difficile qu'on ait jamais vu», a expliqué le distributeur dans un communiqué.

Même avec l'aubaine que pourrait représenter le dépôt de bilan de son dauphin Circuit City, Best Buy, qui a déjà accusé un recul de ses ventes de 7,8% aux Etats-Unis en octobre, table sur un recul de 5% à 15% de son chiffre d'affaires d'ici à février, en dépit des ventes de fin d'année.

L'association de l'électronique grand public, la CEA, s'accroche pourtant à des prévisions de croissance.

Elle table sur une progression des ventes de 3,5% pour la saison des fêtes, certes moitié moins forte que l'an dernier, mais maintenue dans le vert par la l'engouement pour les téléphones portables ("11%) et l'essor de l'électronique embarquée dans les voitures comme les systèmes de navigation GPS ("30%).

A en croire la CEA, ces segments pourrait compenser le reflux (-1%) des ventes d'ordinateurs, qui représentent plus de 27% des ventes de la profession.

L'agence de notation Standard and Poor's est beaucoup plus pessimiste, en tablant sur une contraction de l'activité de 2% à 2,5%.

Avec un principe de calcul simple, expliqué mercredi par l'analyste Chuck Pinson-Rose à l'AFP: tout au long de l'année les ventes d'électronique se sont moins bien tenues que les ventes de détail en général, et rien n'indique que cela va changer. Or les achats de Noël, selon S&P, se maintiendront au mieux au niveau de l'an dernier, ou pourraient refluer globalement jusqu'à 2%.

«Les articles chers, les télévisions, les ordinateurs portables, s'achètent à crédit, et le crédit se resserre», a remarqué M. Pinson-Rose, qui relève que les détaillants eux-mêmes notent que les consommateurs rognent sur tout.

Et la crise dépasse le commerce de détail.

Le cabinet de marketing IDC prévoit que les dépenses d'informatique au total reflueront de 0,9% aux Etats-Unis en 2009, alors qu'il y a encore trois mois il tablait sur une croissance de 4,2%.

Au niveau mondial, les dépenses d'informatique devraient encore croître de 2,6%, mais c'est plus de deux fois moins que IDC le prévoyait encore en août ("5,9%).

La reprise ne sera vraiment là qu'en 2012, selon IDC, qui prévoit alors 6% de croissance. Dans l'intervalle, le secteur aura subi un manque à gagner évalué à 300 milliards de dollars.

Les fabricants s'y préparent, ceux qui fabriquent des composants et des puces comme ceux qui fabriquent des appareils de grande consommation, sans oublier les éditeurs de logiciels.

Leurs sombres prévisions ont fait reculer la Bourse américaine à dominante technologique, le Nasdaq, de 18% en octobre, et encore de 11% depuis le début du mois.

Les uns après les autres, ces groupes révisent à la baisse leurs prévisions, comme Cisco, ou affichent la prudence, comme Intel, Apple et Microsoft.

Même les plus solides ont pris des mesures d'austérité, comme Microsoft qui selon une source informée a entrepris de geler les embauches, et qui a décidé de museler ses frais généraux.

Quant aux plus fragiles, ils ont déjà annoncé des réductions d'effectifs, comme le fabricant de téléphones portables Motorola (3.000 postes), celui de photocopieurs Xerox (3.000 postes) ou celui de microprocesseurs AMD (500 postes).

Le groupe informatique Dell n'en est pas là, mais le numéro deux mondial demande déjà à ses employés de prendre des congés sans solde, pour éviter des licenciements secs.