Barack Obama devrait apporter avec lui à la Maison Blanche sa passion des technologies de l'information, qu'il a su utiliser avec brio pendant sa campagne électorale, devenant ainsi le premier président expert en informatique à la barre du pays.

Barack 0bama, 47 ans, a fait un usage sans précédent dans la vie politique américaine de ces nouvelles technologies. «Obama aime la technologie et s'il l'utilise tellement bien, c'est qu'il la maîtrise parfaitement», relève Rob Enderle, du Enderle Group, dans la Silicon Valley. «C'est ce qui fait de lui un président "high tech"», poursuit-il. Et cela plaît.

Selon une étude du Center for Responsive Politics, les entreprises de pointe de la Silicon Valley ont donné pendant la campagne cinq fois plus d'argent au démocrate qu'à son rival républicain John McCain.

Et quelque 91% des salariés du temple de l'informatique californien ont voté Obama.

«La Silicon Valley a énormément misé sur Obama: des millions de dollars», explique M. Enderle. «C'est le président qu'ils voulaient.»

Pendant la campagne présidentielle, Barack Obama avait promis, à l'occasion d'une discussion animée par Google sur un campus californien, de défendre l'équité sur le réseau et de fournir un accès internet à chacun.

«Nous avons besoin d'assurer un échange libre et gratuit d'informations et cela commence avec un internet ouvert», avait déclaré M. Obama pendant un clavardage public avec le patron de Google, Eric Schmidt, partisan du candidat démocrate.

Comme une poignée d'autres patrons de la Silicon Valley, le PDG du groupe avait aussi offert ses conseils pendant la campagne à M. Obama, qui a notamment promis la création d'un «directeur informatique» dans son administration.

Ce futur «directeur informatique» pourrait être Lawrence Lessig, fondateur du Center for Internet and Society, Shane Robison d'Hewlett Packard ou encore M. Schmidt. «Ce pourrait même être Al Gore»,  affirme M. Enderle, estimant que «Shane Robison serait le plus qualifié».

M. Obama s'est engagé dans le débat politique sur les tarifs des opérateurs.

«Si les fournisseurs d'accès commencent à favoriser certaines applications ou certains sites par rapport à d'autres, les plus petits seront écartés du jeu et c'est nous tous qui perdrons», avertit Eric Schmidt.

Pour M. Obama, livrer le réseau internet «aux plus offrants» découragerait l'innovation et signerait la mort des plus jeunes entreprises.

Discutant avec des «Googlers», Barack Obama avait indiqué que ses priorités à la Maison Blanche seraient le développement des énergies propres et de la technologie au service de ses concitoyens, pour instaurer par exemple un dossier médical informatisé dans le cadre de la couverture sociale universelle qu'il préconise.

Il a promis également de faciliter la consultation en ligne des décisions du gouvernement.

Il aussi plaidé pour un assouplissement des règles d'immigration pour permettre aux entreprises internet de faire venir des ingénieurs quand ils ne les trouvent pas sur place, promettant par ailleurs des mesures pour que ces professionnels très qualifiés puissent aussi «pousser ici même en Amérique».

Son élection «est une bonne nouvelle pour les entreprises de technologie», résume M. Enderle.

La confrontation avec les réalités financières pourraient cependant assombrir le tableau, estime Van Baker, analyste de Gartner. «Il a beaucoup de projets ambitieux, mais difficile de dire ce qu'il va vraiment pouvoir faire».